C'est avec beaucoup d'émotion qu'a été suivi le film l'Anniversaire de Leïla, samedi dernier lors de la soirée consacrée en l'honneur de la Palestine. Ce film de Rashid Masharawi raconte les péripéties d'Abou Leïla (Mohamed Bakri), juge mais sans salaire qui essaie d'arriver à l'heure chez lui pour l'anniversaire de sa fille. Faisant le taxi pour subvenir aux besoins de sa famille, car le gouvernement ne peut plus le payer, il se retrouve face à de nombreux obstacles durant la journée. Il a promis à sa femme de rentrer tôt et d'arriver avec un gâteau. Derrière ce charmant tableau d'une famille ordinaire, se tissent les états d'âme d'un peuple opprimé dans une Palestine chaotique et désorientée. «Oeuvrer pour une cause juste n'est pas suffisant pour faire du bon cinéma, mais être un bon réalisateur aidera grandement votre cause surtout si elle est juste», dira le réalisateur palestinien, Rashid Masharaoui, lors de la conférence de presse animée à l'hôtel suite à la projection de son long métrage. Le second film projeté cette fois en plein air est un documentaire sur Ghaza auquel ont assisté l'ensemble des invités du festival, Hamraoui Habib Chawki et Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la communication. La veille, la salle Essaâda a accueilli, cette fois, dans le cadre de la compétition, deux films arabes. Le premier intitulé Le Cercle de l'Emirati, de Nawaf El Djenahi (son premier long métrage après des courts), raconte le destin tragique d'un journaliste atteint de cancer, qui essaie de récupérer son argent chez son associé. De l'autre côté de la ville, trois voleurs planifient un grand vol, sans en informer leur chef. Alors que le journaliste désespéré est témoin par hasard du vol, il intervient pour arrêter les commanditaires. Commence alors la deuxième partie du film, un plan conjoint se met en place entre le journaliste malade et l'un des voleurs pour s'en sortir. Mais il faut croire que ce qui est écrit, nul ne peut le changer...«La fin devait être noire comme c'était écrit», souligne le réalisateur du film qui indique que le scénario a été écrit en 2001 mais faute de budget, il a dû attendre jusqu'à sa signature avec la chaîne de télé MBC qui a accepté d'investir dans le film. Nawaf avait déjà commencé à le faire avec son propre argent. Dans un cercle il y a toujours deux lignes qui s'entrecroisent, entendons-nous, dans ce film sombre. Malgré ses longueurs il y a pourtant quelque chose de profondément poétique qui se dégage de ce long métrage marqué par des monologues ou soliloques du journaliste qui se parle à lui-même, faute de papier et stylo pour y déposer son chagrin et son impulsion d'écrire et de se vider... Le film ressemble à 24heures chrono puisque tout se passe en l'espace d'une nuit, avant la venue du jour, où le destin commet son méfait. Coécrit avec Messaoud Amir Allah du Festival d'Abou Dhabi, le texte et le scénario sont finement ciselés et bien écrits. Il y a comme un souci permanent de la beauté esthétique chez Nawaf El Djenahi qui gagne ici (après le court métrage, le Silence du miroir, projeté l'an dernier au festival d'Oran) encore en subtilité dans le traitement de l'image. L'ambiance où l'atmosphère nocturne est restituée avec art et talent inépuisable mais hélas avec un zest soporifique qui peut entraîner le spectateur à l'ennui. Ceci pendant la première partie du film. La seconde plus décisive vous prend à la gorge par l'éclat des mots et la philosophie existentialiste qui s'en dégage. Mais qui peut aussi lasser. Tout est question de goût! Le second film Les jours de l'ennui (Syrie 2008), de Abdellatif Abdelhamid, raconte le quotidien oisif d'une famille, laquelle est déportée vers le nord de la Syrie en 1958. Ponctué de moments de rebondissements, comme cette séquence à la gloire de Djamel Abd El Nasser et de foi pour un lendemain enchanteur, ce film met en scène quatre petits garçons qui jouent au soldat en attendant que leur père rentre du front. Oscillant entre mélodrame et comédie (la mère dans une scène horrible, avorte), le film a pour «héros» un personnage qui rappelle Roberto Bennini. Cet homme qui s'en va en guerre, trouve le temps de faire de la musculation pour s'entretenir et jouer, s'amuser avec ses enfants, de très bons acteurs. Le film vous arrache des larmes vers la fin. Pour distraire les enfants, l'oncle paie deux musiciens, un joueur de tambour et un flutiste pour mettre de l'ambiance. Au même moment arrive le père, le visage et une partie du corps bandés. Il a perdu la vue et a un bras arraché. Mais la musique continue. Il se lève pour danser et taper la mesure du rythme avec ses pieds en demandant à ses enfants de le suivre, ces derniers et son épouse sont en larmes. Tragique et absurde à la fois, il ne serait pas étonnant que ce film décroche un prix au festival.