Khaled Youssef a failli provoquer un incident diplomatique avant de revenir sur ses déclarations pour saluer comme il se doit la grandeur du ministère des Moudjahidine. «Vous avez commencé à nous aimez». Cette déclaration de Magdi Ahmed Ali, réalisateur du film Khaltat Fawzia, qui a remporté, à la surprise générale, le Grand Prix du Festival, prend tout son sens quand il s'agit de parler de la popularité et du succès des Egyptiens dans les coeurs des autres participants arabes. Le forcing et le lobbying des Egyptiens qui ont marché en bloc et en rangs serrés durant tout le Festival a payé. Alors qu'on attendait le controversé Dukan Chahata ou le très réussi Mecano, c'est une parodie égyptienne jouée sans partage par Ilham Chahine qui a remporté le Grand Prix et par la même occasion les 50.000 dollars. Même dans un festival de cinéma, les Arabes sont divisés ou partiellement unis. Les Egyptiens sont venus en force conduits par Khaled Youssef qui a failli provoquer un incident diplomatique avant de revenir sur ses déclarations, pour saluer comme il se doit la grandeur du ministère des Moudjahidine. Dans un palmarès, on a essayé de gérer toutes les sensibilités arabes et maghrébines. D'abord, un prix pour les Egyptiens et plus particulièrement un prix pour Ilham Chahine, qui est venu rattraper les gaffes de l'année dernière. Un prix pour la mise en scène décerné au Maroc pour l'excellent film de Nouredine Lakhmari, Casanegra, qui pouvait prétendre au Grand Prix si le dialecte marocain avait été traduit avec des sous-titres en anglais. Car l'une des plus grande, incompréhension, du jury, composé dans son ensemble d'anglophones, l'Egyptienne, la Saoudienne, le Palestinien et la Syrienne, ne comprenait pas le dialecte tunisien, marocain et algérien. Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul, qui n'était sous-titré ni en français ni en anglais a été victime de la sanction linguistique. Il fallait aussi et surtout pour le jury décerner des prix à l'Algérie. C'est dans le court métrage que l'Algérie a marqué des points à travers le film de Sabrina Draoui, avec son film Goulili, qui a enfin été compris par un jury après avoir été sanctionné au Festival du court métrage de Taghit. Mais le prix le plus politique a été décerné à Hassen Kechach pour son interprétation dans le film Benboulaïd. Le jury était conscient que ce film était important pour l'Algérie et le Festival, qui a dû batailler pour le mettre dans la compétition. A travers la consécration de Hassen Kechach on récompensait le travail colossal d'un futur grand comédien et par la même occasion un réalisateur, Ahmed Rachedi, qui, malgré l'imperfection de son film, a voulu se battre pour l'inclure dans une compétition dominée par les Egyptiens et les Syriens. Ces derniers sont repartis avec le prix du meilleur scénario pour la fable politique Les jours d'ennui. Alors que la Palestine a décroché le prix spécial du jury pour le film Le sel de la mer. Enfin, la Tunisie, grande nation du cinéma dans le Maghreb, est venue compléter ce palmarès, avec une mention pour son style et sa satire dans le film Cinecitta, qui a donné beaucoup de bonheur à son réalisateur, Ibrahim Abdelatif. Le grand perdant de cette soirée demeure Khaled Youssef et son film Dukan Chahata qui en faisant beaucoup de bruit autour de son film s'est exclu de lui-même de la compétition. Il était important pour le jury de distribuer des prix selon la sensibilité des pays participants. L'Egypte est ressortie grande gagante mais surtout très divisée dans ses trois écoles de cinéma. Le cinéma commercial de Ilham Chahine, le cinéma engagé à la Chahine de Khaled Youssef et surtout le cinéma arabe de Mahmoud Kamel pour Mecano, a qui on reproche de donner la vedette à un Syrien, Tayem Hassen et à une Libanaise Nour dans un film 100% égyptien. Mais cette édition a vu surtout le Festival du film arabe installer définitivement ses bases, démontrant une nouvelle fois, la touche artistique de Hamraoui Habib Chawki dans le domaine de l'événementiel télévisuel et cinématographique. Tous les intervenants qui se sont succédé sur la scène du festival ont fait les louanges du président du Festival qui reste plus célèbre pour avoir réussi à réconcilier Nabila Abid et Yousra et surtour le Machrek et le Maghreb.