La dernière canicule n'a pas été sans conséquences. Les vieux questionnés ne se souviennent pas avoir connu une si grande chaleur. Les plus jeunes s'interrogent si la nature n'est pas en train de changer. Est-ce bien les signes du réchauffement climatique? Tout porte à le croire. Les nombreux phénomènes naturels observés ces derniers temps en sont les symptômes. Tout d'abord, il est admis que les dernières semaines ont connu une vague de chaleur autant suffocante que déroutante à maints égards. Les plus vieux affirment avoir vécu sous de très fortes chaleurs mais, cet été, le thermomètre a atteint des degrés jamais égalés. Jadis, racontent les vieux, le travail des champs, en été, était rythmé par l'évolution thermique quotidienne. L'activité agricole, bien que rudimentaire, était, elle aussi, réglée avec la nature: les figues de Barbarie, les raisins, les figues fraîches mûrissaient au temps prévu. Aujourd'hui, avec l'arrivée de la saison estivale, le déséquilibre naturel est éloquent. Le rythme d'antan a basculé. Les périodes ne coïncident plus avec les activités. Les arbres ne communiquent plus avec les hommes. Les figuiers ne verdissent plus en été. Leurs fruits ne survivent plus à la chaleur pour mûrir au bon moment comme jadis. Même les oiseaux ont cessé de gazouiller. Mais, que s'est-il passé? Quand la nature n'a plus d'équilibre, l'homme perd sa boussole. Latente mais bien réelle est l'inquiétude des hommes. Ceux qui peuvent encore se référer au calendrier agraire ancestral affirment que les saisons et les périodes agricoles ne sont plus en harmonie avec la nature. Qui aurait cru que le figuier refuserait de livrer ses fruits en ces mois de juillet et août? Qui aurait cru que son vert feuillage allait jaunir et moisir avant la naissance de la figue? En fait, cela fait des décennies que les vieux avertissent du changement climatique. Jadis, les anciens s'adaptaient à la nature, racontent-ils. Aujourd'hui que l'homme veut dompter la nature ne risque-t-il pas de la pervertir à l'image d'une de ces caractéristiques somme toute humaine? Mais, si l'homme est aussi fort qu'il croit l'être, peut-il résister, avec sa technologie, à quelques degrés de plus?