Le gouvernement britannique a affirmé hier n'avoir «rien à cacher» concernant les accusations de complicité d'agents du renseignement dans des cas de torture, après qu'une commission parlementaire eut réclamé l'ouverture d'une enquête indépendante sur le sujet. Dans un rapport très critique, la commission parlementaire aux droits de l'Homme a estimé qu'il existait désormais un «nombre inquiétant d'allégations crédibles», selon lesquelles des agents du renseignement britanniques savaient que la torture était utilisée sur certains prisonniers détenus à l'étranger. La commission a reproché au gouvernement d'avoir érigé un «mur du secret» autour de ces accusations et d'assumer ses responsabilités de manière «tristement insuffisante». Les parlementaires ont regretté que les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères, ainsi que le chef du MI5, les renseignements intérieurs, aient refusé de témoigner devant la commission. Une enquête indépendante est, selon eux, le seul moyen de restaurer la confiance des Britanniques face à ces accusations «extrêmement sérieuses». Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Ivan Lewis, a répondu que le gouvernement n'avait «rien à cacher» et rappelé qu'il s'était déjà engagé à rendre publiques les consignes données aux agents du renseignement et militaires chargés des interrogatoires de prisonniers. La Grande-Bretagne «ne pratique pas, n'approuve pas, ni n'est complice» de torture, a-t-il assuré, reconnaissant que certains pays alliés se montraient moins sourcilleux. «Nous ne pouvons pas arrêter de coopérer avec ces pays (...), mais nous disons également clairement dans chaque débat de la communauté internationale (...) que la torture ne peut pas être justifiée», a-t-il déclaré. La commission a examiné les cas de huit personnes soupçonnées de terrorisme, qui disent avoir reçu la visite d'agents britanniques alors qu'elles étaient détenues et, selon elles, torturées au Pakistan depuis 2001. Elle a aussi étudié le dossier de Binyam Mohamed, un ancien détenu du camp de Guantanamo rentré en février en Grande-Bretagne, qui accuse les services secrets britanniques d'avoir aidé ses tortionnaires alors qu'il était interrogé et torturé au Maroc.