Il est décevant de voir l'indifférence et l'ignorance que nos enfants ont envers le livre. Le problème de l'apprentissage de la lecture chez les enfants est d'une importance capitale pour développement intellectuel, culturel et humain. Le goût de la lecture chez l'enfant développe chez lui, non seulement, la maîtrise de la langue - vocabulaire, grammaire et orthographe - et le sens du «bon parler», mais aussi et surtout la capacité de faire travailler l'imagination, de pouvoir s'évader de la réalité, de vivre une aventure passionnante et envoûtante ne serait-ce que le temps d'une lecture, tout en apprenant à chaque fois, des choses nouvelles. Il est extrêmement décevant de voir aujourd'hui l'indifférence et l'ignorance que nos enfants ont envers le livre. Il est très rare que des parents entrent en librairie à la recherche de beaux livres pour leurs enfants.«S'ils se déplacent en librairie, c'est surtout pour chercher des livres scolaires que des enseignants réclament et qu'ils sont obligés d'acheter; rares sont les parents qui achètent un livre juste pour le plaisir de voir leur enfant faire un peu de lecture», dit un libraire de la capitale interrogé justement sur ce phénomène. Il y a en fait, très peu de parents qui accordent de l'importance à cela; pour eux, la lecture est un passe-temps dont leurs enfants peuvent se passer ou qu'ils peuvent remplacer par d'autres occupations. Très peu de parents ont, eux-mêmes lu ou possèdent une bibliothèque chez eux, ou même un livre. «Comment voulez-vous qu'un père inculte, qui n'a jamais jeté un oeil sur un livre et qui se soucie surtout de son compte en banque, s'inquiète de ne pas voir son fils lire, ou qu'une mère qui ne se préoccupe que de sa tenue vestimentaire, ses défilés de mode ou ses soirées mondaines puisse inculquer cet amour de la lecture à sa fille alors qu'elle-même ne l'a pas», réplique un autre libraire qui pense plutôt que ce sont les familles au moindre revenu, au bas salaire, qui s'intéressent au livre, mais qui ne peuvent malheureusement pas s'en acheter beaucoup étant donné le prix élevé. Ce libraire n'a pas tort puisqu'il a été constaté que comme les études qui sont surtout réussies par les familles modestes ou carrément pauvres, dont les enfants s'acharnent à avoir de bons résultats pour sortir leurs parents d'une situation de misère et d'ignorance et leur rembourser un minimum de ce qu'ils ont sacrifié - le goût de la lecture, le don de la culture, sont eux aussi, très souvent, plus développés chez cette frange de la société qui, malgré son peu de moyens et sa modeste bourse, trouve quand même le temps de lire, d'apprendre, de se «cultiver». Fort heureusement, depuis quelques années, les choses ont l'air de changer et une sérieuse prise de conscience s'installe peu à peu chez nous. Le livre commence à être le souci de personnes, d'associations, d'éditeurs, de libraires et autres qui ont décidé de mener un combat acharné pour que survive le livre en Algérie, qu'il soit réhabilité, et surtout pour que l'enfant algérien, la jeunesse algérienne reprennent goût à la lecture. Forts de ce principe et animés d'une volonté de fer, les amis du livre se sont scindés en groupe, chacun dans son domaine, et ont donné naissance à différentes organisations qui se sont assigné comme tâche la réhabilitation du livre et de la lecture. Ainsi, l'Association des éditeurs algériens, l'Association des libraires algériens et le syndicat professionnel du livre-formé tout récemment - s'attellent à déployer tous les moyens possibles, à trouver toutes les solutions envisageables et à résoudre tous les problèmes susceptibles d'entraver leur parcours pour qu'enfin le livre émerge...Une tâche pas facile, mais fort rentable dont on suivra pas à pas le parcours...