Maintenir ou annuler provisoirement, tel est le dilemme auquel sont confrontés les pouvoirs publics algériens. Les autorités algériennes tardent à adhérer à la décision prise par les ministres arabes de la Santé, dans un souci de lutte et de prévention contre la grippe porcine, d'interdire le Hadj aux femmes enceintes, aux personnes âgées de moins de 12 ans et de celles de plus de 65 ans. C'est, en tout cas, ce qu'a annoncé le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. Ce dernier a affirmé que les autorités compétentes n'ont pas encore tranché la question d'annuler ou de maintenir le Hadj pour cette tranche de personnes. Et ce, au moment où le virus AHlN1 de la grippe porcine ne cesse de faire des milliers de victimes de par le monde. Pareille situation n'a pas été, d'ailleurs, sans installer une grande appréhension et un désarroi sans précédent parmi les postulants au Hadj. L'apparition d'un cas mortel en Arabie Saoudite, ainsi que le décès, en Egypte, d'une jeune femme qui a été contaminée par le virus aux Lieux Saints de l'Islam, ont accentué cette inquiétude. L'Algérie pourrait-elle être amenée à suspendre, provisoirement, les voyages vers les Lieux Saints de l'Islam? Pour l'instant, rien ne semble l'indiquer. Bien au contraire. M.Adda Fellahi, responsable de la communication au sein du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, a écarté toute restriction aux personnes sus-citées. Ce responsable a dit soutenir complètement la fetwa faite par Cheikh Abdelmohcin Al Abikane, conseiller juridique au Royaume saoudien, consistant à faire des «personnes décédées suite à leur contamination par le virus de la grippe porcine en accomplissant le pèlerinage, des martyrs». Selon M.Fellahi, «les hadji qui prendront les précautions qui s'imposent et qui appliqueront les conseils des experts et des médecins, et malgré cela meurent de la grippe porcine, seront élevées au rang de martyrs». Par contre, il a affirmé que «celui qui ne suit pas rigoureusement les consignes et les mesures préventives des experts, se jetant ainsi volontairement dans le danger est un pécheur et non un martyr». Dans ce contexte, M.Fellahi n'a pas exclu l'éventualité de voir des pèlerins recourir à des moyens «détournés» pour accomplir le rite religieux. Aussi, a-t-il invité ces derniers à faire preuve de sagesse et de rationalité et à ne pas transgresser les mesures préventives prescrites et ce pour circonscrire la propagation du virus de la grippe AH1N1. M.Bouabdallah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a, de son côté, assuré que «tout acte de vénération et de foi qui mène à la perte est un péché». Cependant, des responsables au sein de ce ministère s'étonnent que, du fait de la progression rapide du virus AHIN1, les déplacements des personnes durant cette saison estivale n'aient pas été limités. A ce sujet, rappelons qu'à ce jour, 19 cas se sont avérés positifs en Algérie, dont 18 ont été contaminés hors de nos frontières. Les derniers en question sont un couple qui revenait d'Espagne et un adulte résidant à Alger de retour du Royaume-Uni. Aucun décès n'a été enregistré.