Le Comité SOS familles expulsées demande de revoir la législation relative aux expulsions. L'heure est aux préparatifs pour accueillir le Ramadhan, mois de piété, de compassion et de solidarité. Alors que des familles s'organisent pour passer ce mois sacré dans leurs foyers dans une ambiance et familiale conviviale, d'autres, hélas, seront livrées à elles-mêmes dans la rue. Mais comment expliquer cet état de fait aux enfants? S'exprimant hier au cours d'une conférence de presse tenue au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme à Alger, le porte-parole du comité SOS familles expulsées, le Dr Bouragaâ a indiqué que six familles seront expulsées demain à Staouéli (Alger) par décision de justice. «Ces victimes habitent depuis 33 ans dans des biens de l'Etat. Du jour au lendemain, ce bien public s'est transformé en un bien privé par notification du notaire.» soutient-il. Sur sa lancée, le conférencier révèlera que plusieurs familles sont expulsées, à tort, à travers le pays, notamment à Souk Ahras, Skikda, Saïda, Oran, Miliana, Aïn Témouchent et Alger. «Cette dernière se taille la part du lion avec 300 familles en voie d'expulsion à Alger centre, 220 autres à Bologhine et 217 à Kouba», souligne l'orateur. Réuni le 30 juillet dernier au même siège à Alger, le comité SOS familles expulsées dénonce «les expulsions arbitraires et expéditives des familles de leurs habitations en usant abusivement et répressivement de la force à l'encontre des femmes et des enfants, lors des expulsions.» Ce comité lance un appel aux autorités compétentes pour «mettre fin à la vente des biens immobiliers occupés par des locataires au profit de tierces personnes morales ou physiques et dont le locataire ne prend connaissance qu'au passage de l'huissier de justice». En outre, SOS familles expulsées crie «à l'escroquerie de certains promoteurs immobiliers et à la passivité de la justice.» Plusieurs fonctionnaires ont été expulsés avec leurs familles de leurs logements de fonction suite à une rupture unilatérale du travail. A cet égard, les défenseurs des expulsés attirent l'attention sur «l'ingratitude de l'administration vis-à-vis des fonctionnaires qui l'ont servie pour finir expulsés de leurs domiciles de fonction sans solution de rechange». Le comité demande aux autorités compétentes «de revoir la législation relative aux expulsions et souhaite l'application systématique de l'article 210 du Code civil relatif au délai de six mois, accordé aux familles expulsées afin qu'elles ne soient pas jetées à la rue.» Lors de cette rencontre, plusieurs cas concrets ont été cités. Les cas se suivent mais ne se ressemblent pas. L'exemple édifiant est celui de ce fils unique dont le père âgé de 93 ans, atteint du cancer (aujourd'hui décédé) a été conduit par sa fille et son gendre chez le notaire pour leur signer inconsciemment l'acte de propriété de sa maison. Ainsi, le fils se trouve dans la rue avec sa femme et ses enfants. «Mais dites-moi, ces juges et ces notaires, ont-ils prêté serment sur le Coran ou sur les billets de banque?», s'interroge Noureddine Belmouhoub un membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. «Où est notre part du un million de logements en plus du 1,5 million des logements inoccupés?», réclame, de son côté, le porte-parole du comité SOS familles expulsées. «C'est la mafia du bâtiment qui garde le monopole sur le logement», commente M.Belmouhoub.