La colère gronde au comité SOS expulsions. Ce comité fondé par des défenseurs des droits de l'Homme pour lutter contre les expulsions de familles entières de leurs demeures lance un profond cri de révolte contre cette injustice qui ne cesse de prendre une ampleur inquiétante. En effet, les décisions de justice d'expulsions arbitraires et expéditives de familles occupant des logements ont jeté à la rue, ces derniers mois, des centaines d'enfants et des dizaines de familles démunies, lesquelles sont exposées aujourd'hui, sans défense, aux affres de la rue. Dans ce contexte, SOS expulsions a tenu à dénoncer, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, cette «recrudescence des expulsions et leur irrégularité dans beaucoup de cas [vices juridiques, exploitation de l'ignorance des citoyens par des adversaires vicieux et financièrement puissants, délais de forclusion dans les procédures]», relève le porte-parole du comité, M. Salmi Hakim, pour qui il s'agit d'un phénomène que notre société ne peut ni ne doit admettre, «car la dignité du citoyen et de la citoyenne se calcule sur des paramètres, dont un logement décent», souligne-t-il. A ce propos, le comité SOS expulsions, lui-même composé de 108 familles expulsées ou menacées d'expulsion, précise que la justice ignore, dans ses décisions d'expulsions, «les droits consacrés en décidant de jeter à la rue des personnes âgées alors que la loi stipule clairement que les personnes âgées de plus de 60 ans bénéficient du droit au maintien sur les lieux [décret exécutif 507 bis du 13 mai 2007]». Par ailleurs, les familles de ce comité certifient que la justice, malgré les justificatifs présentés, décide d'expulser des familles entières, «même s'il est aisé de se rendre compte qu'il s'agit clairement d'une escroquerie ou d'un abus de confiance, dans quelques cas, voire de faux et usage de faux à l' endroit des familles victimes d'expulsion», indique-t-on. Et pour atténuer les souffrances des familles expulsées, le comité SOS expulsions appelle l'Etat à prendre des mesures d'accompagnement, à savoir la construction de chalets pour stabiliser les familles et les enfants avant de trouver une solution définitive à leurs problèmes. L'Etat est également appelé à revoir la législation relative aux expulsions, notamment la création de cellules d'enquêtes sociales et de suivi au niveau des tribunaux. Mais le plus urgent, c'est la mise en place de lieux d'accueil pour les victimes d'expulsion et ce, afin que «la cohésion de ces familles ne subisse pas de démembrement, le fléau de la délinquance des adolescents et le fléchissement scolaire des enfants ou des suicides ou même dans certain cas de divorces suite aux conséquences irréversibles de l'expulsion», note le communiqué de SOS expulsions qui estime en dernier lieu qu'«une expulsion est une forme de mort, sinon plus, car la mort peut délivrer de la douleur et de la souffrance, contrairement à une expulsion qui, elle, fait douloureusement souffrir». A. S.