Les prochaines élections locales pourraient de nouveau prolonger la crise dans le pays. Sachant qu'un mois avant le 10 octobre, le pouvoir exécutif des maires et la gestion de l'organisation des élections seront transmis officiellement à l'administration locale tenue de main de fer par les chefs de daïra et les walis ouvrant la voie à toutes les perspectives. Le nouveau paysage politique des communes va, encore une fois, changer pour revenir probablement, quatorze ans après les événements d'octobre 88, à la majorité FLN. Une majorité qui s'est illustrée lors des dernières législatives et qui risquent de reprendre son «dû» révolutionnaire le 10 octobre prochain. Sur les 1100 communes raflées par le RND en 1997, le FLN pourrait en prendre l'essentiel ne laissant à son concurrent qu'un résidu de communes qu'il avait «frauduleusement» prises en 1997. Le scénario de 97 risque, encore une fois, de se répéter et l'administration qui avait poussé à la victoire le RND en 97, pourrait, aujourd'hui, placer sur le podium des locales le FLN. Le RND, qui traîne derrière lui une mauvaise réputation de gestionnaire avec plus de 4 maires en prison à Alger, pourrait même enregistrer un score encore plus catastrophique que les législatives. Il pourrait néanmoins garder certaines communes connues pour être le fief du parti d'Ouyahia dans la capitale, comme Kouba, Alger-Centre, Belouizdad ou encore Bouzaréah. Lors des législatives, le FLN avait tenté justement de prendre les quelques sièges que le RND avait réussi à arracher au terme d'une grande bataille électorale à Alger. Une bagarre avait même éclaté entre les partisans du parti d'Ouyahia et certains nouveaux militants du FLN venus les narguer devant le siège de l'APC d'Alger Centre. Le pire a été évité après l'intervention de l'ancien ministre des Finances d'Ouyahia, Harchaoui et le sénateur Chihab. Néanmoins, et selon les dires de certains responsables du RND, 300 communes pourraient lui suffire pour survivre politiquement. Ce n'est pas l'avis du FLN qui entend prendre le maximum des 1450 communes du pays et s'assurer ainsi une large majorité à la seconde Chambre et par conséquent, une emprise totale sur le Parlement dans le pays. Pour ce qui des partis islamistes, ces élections pourraient nous renseigner sur l'avenir politique du MSP qui détient quelques dizaines de communes dont quatre à Alger. Raïs Hamidou, Madania Bourouba, et Bachedjarah considérées comme les APC les plus pauvres de la capitale. Le MSP, dont le fief se situe dans les quartiers populaires de Belcourt et d'El-Harrach, pourra-t-il reprendre les APC que le RND lui avait spoliées en 97? Une donne qui sera conditionnée par la montée en puissance d'El-Islah et sa participation effective aux locales. Même si sa présence électorale dans la capitale n'est pas encore définie. Depuis la prise en main du FIS en 90, l'expérience islamiste dans les communes a été soigneusement évitée et les rares partis islamistes qui ont eu la délicate mission de tenir des commune ont évité les interprétations religieuses dans la gestion de leur commune. Reste le problème épineux du RCD et du FFS dont la participation reste conditionnée par le règlement de la crise en Kabylie. Si les deux partis «kabyles» ne participent pas aux locales, cela signifiera automatiquement l'autonomie de la région et le suicide politique des deux partis dans cette région. Le FFS et le RCD, qui détiennent aussi des communes dans la capitale, pourraient donner l'occasion au FLN et au RND de se partager certaines communes qu'ils avaient gérées durant cinq ans, telles celles d'El-Biar et de Sidi M'hamed pour le RCD, d'Oued Koriche et de Birkhadem pour le FFS. Enfin, il y a l'outsider PT, qui, fort de son score aux législatives, pourrait jouer encore les trouble-fêtes en s'adjugeant quelques communes. Le parti de Louisa Hanoune, qui n'a jamais géré une commune pourrait se retrouver avec une nouvelle grande responsabilité, celle de réconcilier le citoyen avec sa commune avec, en prime, la lutte contre la pauvreté et l'amélioration du social. Enfin, le pouvoir qui n'avait jamais accordé une importance particulières aux locales, ce qui a conduit à l'arrivée du FIS en 90, pourrait revoir sa copie et dresser un plan de sauvetage politique du pays alliant à la fois régie administrative et gestion politique.