L'annonce de la tenue des élections partielles, en mars 2003, relance le bras de fer qui oppose le parti d'Aït Ahmed aux ârchs. Les élus du FFS, installés après les élections communales du 10 octobre, vont connaître un rythme infernal, du moins pendant les cinq premiers mois de leur exercice. Ils auront à surmonter deux difficultés majeures pour redorer le blason de leur parti, que d'aucuns, estiment qu'il a subi un sérieux revers par sa participation aux élections communales du 10 octobre. Les maires FFS doivent donc tempérer l'ardeur, et l'hostilité manifestées par les citoyens, dans plusieurs localités, à leur égard, et ensuite s'atteler à «une bonne gouvernance locale» pour capter l'engouement des citoyens qui boudent encore les thèses développées par le FFS à propos de la gestion de la crise en Kabylie. De ce fait, un rôle éminemment politique est imposé à ces élus en plus de la gestion des affaires locales. Arriveront-ils à renverser la vapeur en Kabylie dans un délai de cinq mois? Les choses ne sont pas faciles, puisque déjà, la plupart des communes ne disposent pas de ressources suffisantes pour faire face à leur gestion de base. Plus de 1000 communes sont endettées, le travail est d'autant plus compliqué, que les élus auront affaire au mouvement citoyen qui n'a pas changé de position par rapport à ces élections partielles. «Nous empêcherons la tenue de ces partielles en Kabylie», menacent déjà les délégués de l'interwilayas des ârchs. La participation du parti d'Aït Ahmed à ces partielles a été annoncée, en filigrane, il y a plus d'un mois. Dans une conférence de presse organisée le 14 octobre dernier, le secrétaire général du parti, Ahmed Djeddaï a déclaré: «Si le pouvoir décide de placer des DEC ou des responsables approchants, il est certain que le FFS ne s'en mêlera pas puisqu'il a toujours oeuvré à respecter et à faire respecter la souveraineté populaire». A ce sous-entendu, Ahmed Djeddaï a ajouté avec insistance dans la même conférence: «Les 51 communes de Kabylie où le vote n'a pas été validé représentent, à elles seules, pas moins de 700 autres sièges». Pour rappel, le FFS, a obtenu lors des élections du 10 octobre, 700 sièges et est présent dans 500 communes aux quatre coins du pays. Il ne faut pas perdre de vue, que si la participation du FFS aux prochaines partielles obéit à des considérations politiques «hautement stratégiques», les 51 communes de Kabylie où le vote n'a pas été validé valent aussi des sièges au Sénat. Cependant, le rendez-vous «partiel» du mois de mars reste tributaire de l'évolution de la situation en Kabylie, et en partie de l'action sur le terrain des nouveaux maires. Alors la protesta est toujours de rigueur dans certaines localités de la région, des maires trouvent de sérieuses difficultés à renouer avec la population et les ârchs exigent la libération des détenus sans oublier le préalable de la plate-forme d'El-Kseur. Sur fond de crise entière, la situation reste bloquée et il est chimérique d'espérer que les élections partielles vont régler le problème. Pourtant la «solution» d'élections partielles en Kabylie a été avancée par de nombreuses personnalités bien avant ce stade de pourrissement, tout comme le retrait des gendarmes, en vain, c'est l'échec recommencé. Il est quand même curieux de remarquer que l'annonce de ces partielles soit précédée d'une chasse aux délégués et coïncide avec l'annonce de la condamnation du gendarme assassin de Massinissa Guermah.