C'est presque en ces termes ce qu'a affirmé un responsable chargé du dossier des repentis à Larbaâ. C'est parce que la bombe la plus meurtrière de l'année a explosé à Larbaâ que les anti-islamistes se sont empressés de pointer un doigt accusateur sur les repentis. A partir de là, a commencé ce qui peut être qualifié de «chasse aux sorcières». Certains organes de presse ont lorgné du côté des mosquées, tandis que des spécialistes de l'intox ont remis au goût du jour la campagne anti-intellectuels en «imaginant» des placards made in GIA collés aux murs d'Alger, et dont, on n'a pas vu une seule copie. Tandis que les plus avisés ont trouvé dans les repentis le parfait bouc émissaire, qui leur permet en même temps de déclarer la guerre à la concorde civile, et, partant, au Président de la République, fragilisé, certes, par la flambée terroriste. A la fin de la semaine dernière, il s'est trouvé même des écrits de presse pour affirmer que, désormais, tous les repentis seront soumis aux émargements de rigueur, au niveau de la gendarmerie territorialement compétente. Ce qui revient à dire que l'on assiste à des mesures draconiennes dans le cadre de la lutte anti terroriste et qui est en même temps synonyme de restrictions de libertés individuelles. En fait, rien de tout cela n'est avéré. A Larbaâ, comme à Constantine, Collo, Médéa, Relizane, Chlef et Jijel, les repentis de l'AIS, ou des autres organisations armées, jouissent de toutes leurs libertés, tout en étant contrôlés de façon «très souple» par les autorités. Bien avant l'explosion de la bombe de Larbaâ, les repentis avaient été convoqués par la gendarmerie locale. Le but était, d'abord, de s'enquérir de l'état social du repenti et, ensuite, de faire un travail d'approche psychopédagogique, afin de ne pas donner l'impression que la mouvance de l'AIS est définitivement écartée et oubliée, et enfin, de pouvoir dresser un état des lieux, tout en ayant à jour le dossier des présents et, éventuellement, des absents qui avaient été tentés par un retour vers les djihadistes. Le travail est toujours en cours et, selon une source autorisée à Larbaâ, «tous les repentis répondent aux convocations». Mieux, lorsque l'un d'eux s'avise à quitter Larbaâ pour quelque obligation familiale ou professionnelle, ailleurs, il vient de lui-même informer l'autorité chargée de son dossier. Répondant à une question de savoir si un repenti est noté dans le chapitre des absents, il répond: «Tous les repentis dont nous avons la charge sont ici, présents, et ne causent aucun problème. Ils se comportent de la même façon que tous les citoyens de Larbaâ, et nous, de notre côté, nous les considérons, ni plus ni moins, comme les autres citoyens de Larbaâ.»