Durant ce mois de juin, 80 citoyens ont été tués avec une «régularité» ébouriffante. Un groupe armé, dont le nombre est indéterminé, a ciblé une maison située à la périphérie de Tablat. Huit personnes, tous de la même famille, dont six enfants entre 2 et 14 ans, ont été tuées par le groupe armé, probablement un GIA local. Le massa-cre a été perpétré vers 22h, mercredi dernier, selon les services de sécurité. Après une relative accalmie sécuritaire, la région de Tablat a renoué, depuis une année, avec les tueries du GIA, groupe hégémonique dans ces monts situés à la limite de l'aire d'activité du Gspc. Il y a moins d'un an, des citoyens y ont été tués. L'axe routier reliant Larbaâ à Tablat reste le plus dangereux. Des automobilistes y ont été tués, il y a quelques mois, et un ressortissant syrien, spécialiste en forage, y a trouvé la mort. Il y a trois mois, huit personnes ont été assassinées au lieu dit Tacht, petit douar situé près de l'axe routier menant vers Meftah, et situé à moins de 1000 m d'un poste de contrôle militaire. Depuis la bombe qui a explosé le 5 juillet 2002, à l'occasion des festivités de l'Indépen-dance nationale, (45 personnes tuées et 115 blessées), Larbaâ a renoué avec les massacres et les incursions terroristes. On s'en souvient, quelques jours après l'attentat, une cellule de 18 terroristes avait été démantelée, à la suite des aveux d'un membre repenti, Hocine Kobbi. Le groupe arrêté avait reconnu avoir perpétré nombre d'attentats dans la capitale et sa proche périphérie, dont celle de Larbaâ. Dominée par un groupe autonome dissident du GIA, le Mouvement islamique pour la prédication et le djihad (Mipd) de Mustapha Kertali, qui se ralliera à la trêve de l'AIS, la région connaît, dès 1996, une relative embellie sécuritaire. Au moins 180 «trévistes» quittent les monts de Larbaâ et se cantonnent dans les camps de Djibalo, colline luxuriante et escarpée qui domine Larbaâ. A partir de janvier 2000, l'organisation s'autodissout et ses hommes peuvent réintégrer librement leurs familles, dispersées dans les quartiers de Tabrent, Qariya et le centre-ville de Larbaâ. Le GIA reprend aussitôt possession des monts alentour qui surplombent Larbaâ, Ouled Slama, Bougara, Hammam Elouane et Aïssaouiya, où, épisodiquement, depuis près de deux ans, des assassinats sont perpétrés. La mécanique sanglante des groupes armés semble fonctionner depuis le début du mois de juin avec la régularité effrayante d'un métronome. Plus de 80 citoyens ont été massacrés à Relizane, Chlef, Ténès, Boumedfaâ, Sétif, Batna et Tizi Ouzou. C'est-à-dire pratiquement à l'est, à l'ouest au centre du pays. Cette flambée de la violence est d'autant plus remarquée qu'elle semble lancer des messages à gauche et à droite après avoir observé une période d'observation. Depuis la nomination de Ahmed Ouyahia (un des plus virulents dirigeants du courant anti-islamiste) à la tête du gouvernement et l'approche de la libération de Ali Benhadj, gourou incontestable de l'ex-FIS, la violence tous azimuts a repris de plus belle, avec des pics et des incursions aux portes de la capitale.