La ville d'Arzew a vécu, samedi, aux environs de 20 h, un drame. Un groupe terroriste composé, selon des témoins, de sept éléments en tenues militaires a investi un domicile, où se tenait une veillée funèbre, pour y semer la mort. Onze innocentes victimes ont péri par la faute de ceux qui refusent de voir la vie reprendre ses droits. Dans la cité des 744 Logts, les voisins se pressaient pour présenter leurs condoléances à la famille de Hadj Aoued, décédé la veille, une personne sage et estimée par les habitants de ce quartier du centre-ville. La famille, réunie sous une tente, recevait les voisins, quand un groupe terroriste surgit de l'obscurité pour investir les lieux. Sans donner le temps aux présents de se rendre compte qu'il s'agissait des éléments du groupe du sanguinaire Hebbi, les terroristes les «arrosent» sous un déluge de feu. La panique s'est emparée des présents qui se pressaient pour échapper au massacre, mais la sauvagerie des terroristes était plus forte. Après leur retraite et une fois l'odeur de la poudre et les volutes de fumée dissipées, les miraculés dénombrent 6 morts, des personnes du voisinage âgées entre 30 et 60 ans, et 8 blessés dont 6 gravement atteints, transportés à l'hôpital d'El-Mohgoune (à quelques kilomètres d'Arzew) et transférés dans la nuit au pavillon des urgences médico-chirurgicales de l'hôpital d'Oran. Dans leur fuite, les terroristes ont traversé l'oued tari qui sépare la cité des 744 Logts du quartier du plateau. Sur place, ils se dirigent vers une demeure de la cité des 46 Logts CNL. Une modeste maison occupée par la famille Meggaz. Ils défoncent la porte et font feu sur tout ce qui bouge. La mère, ses deux nièces et un cousin en permission (Service national) en visite familiale, ont péri dans l'incursion. Une fois leur forfait accompli, les terroristes, profitant de l'obscurité qui règne dans les lieux, prennent la direction de la forêt. La ville d'Arzew, qui avait connu dans la matinée une fausse alerte à la bombe, a vécu un drame le soir, au moment où elle pensait se remettre des frayeurs qu'elle avait vécues. Les terroristes, du groupe du frère de Hebbi (un émir qui a été éliminé par les forces de sécurité au mois de juin dernier) ont endeuillé 7 familles. Ce groupe serait, selon les propos de M.Zerhouni, au cours de la conférence de presse qu'il a tenue au siège de la wilaya d'Oran, responsable des massacres de Mascara. Il emprunterait, selon certains voisins des victimes du massacre d'Arzew, le couloir de Sig, qui passe par la montagne des lions, pour se déplacer sur l'axe Sig-Mohamadia-Arzew, ou ce qu'il avait été convenu de qualifier, au début du terrorisme le triangle de la mort. Ce même groupe avait été signalé, il y a quelques jours en plein centre d'Arzew. Il serait descendu pour s'y ravitailler. Reconnus par des citoyens, les terroristes ont pu échapper à la poursuite d'un groupe de jeunes qui les avaient pris en chasse. Il serait composé d'environs dix éléments se réclamant du GIA de Antar Zouabri. Dans la journée d'hier, après que les sanguinaires eurent accompli leur sale besogne, leurs relais avaient propagé la rumeur d'un autre massacre perpétré contre des nomades à El-Macta, à quelques encablures de Marsat El-Hadjadj (ex-Port-aux-Poules), sur la route Oran-Mostaganem. La rumeur qui avait fait état du massacre de 12 citoyens s'est révélée, en début d'après-midi, fausse. A rappeler que dans la cité, théâtre du massacre, vivent des citoyens armés qui n'ont pas tenté de riposter à l'attaque. Plusieurs citoyens rencontrés, hier, reprochaient à leurs voisins leur «désertion». «Au moment où des innocents se faisaient massacrer, certains voisins gardaient au fond de leurs garde-robes des fusils qu'ils n'utilisent que pour les fêtes», dira un membre de la famille d'une des victimes. Cet état de fait a été relevé par M.Zerhouni qui a annoncé que dorénavant, il sera exigé des citoyens armés de s'organiser pour assurer des veilles.