Que ce soit à Skikda ou à Aïn Kechra, l'enterrement des victimes de l'attentat meurtrier de dimanche dernier à Oued Zeggar, a été suivi par des dizaines de milliers de personnes venues compatir avec les familles des victimes du devoir national tombés au champ d'honneur près de la stèle, témoin de l'une des plus grandes batailles inscrites dans la mémoire de la guerre de Libération nationale. C'est la stèle de la bataille de Zeggar, tout un symbole de la lutte pour la liberté, qu'un groupe de terroristes a choisi pour attenter à la vie des jeunes policiers issus de l'école de police de l'Algérie indépendante. Une procession importante, jamais égalée, témoigne Abdelkader, un enseignant à Aïn Kechra, a suivi le cortège funèbre des trois policiers tués, originaires de Aïn Kechra, à leur dernière demeure. Aïn Kechra était une ville morte entre les prières d'el-asr et du maghreb, période durant laquelle les trois valeureux fils du bled étaient enterrés en présence des autorités locales. Un adieu mémorable que les populations des communes de Aïn Kechra et d'El-Oualdja-Boulbellout ont voulu donner à Talhi Bouguerra, Bousselliou Adel et Snani Ahmed. Le premier a laissé derrière lui sept enfants et le second en a laissé deux. Le même scénario est vécu au même moment à Skikda pour l'enterrement de Mouate Réda, Driouèche Mohammed Salah et Boutagnane Farid au cimetière Zefzef. Une grande foule a assisté à l'enterrement des victimes en présence des autorités civiles et militaires. Cependant, le bilan des victimes de l'attentat de Oued Zeggar a été revu à la baisse, car les deux militaires et le civil, qui sont dans un état critique, sont toujours hospitalisés à Didouche-Mourad. Selon des témoignages concordants, les terroristes ont investi la région de Oued Zeggar durant l'après-midi de dimanche ; ils ont alors séquestré des travailleurs des ponts et chaussées qui étaient en train de déblayer les accotements de la route pour ne les libérer qu'après le carnage. Ils les ont ligotés pour prendre leur tenue de travail. Ils faisaient semblant de nettoyer alors qu'ils avaient placé trois bombes artisanales car ils attendaient le retour du commandant de secteur en visite au niveau du sous-secteur de Oualdja-Boulbellout. Au retour du commandant et de son escorte, les terroristes, qui étaient au nombre de vingt, dont la majorité était embusquée, en tenue afghane, ont tiré sur les roues du véhicule du commandant du secteur. Malgré les pneus crevés, le chauffeur a réussi à rouler plus loin à l'abri des tirs nourris des terroristes. Mais les deux véhicules des éléments de la BMPJ ont été projetés par la déflagration de deux bombes artisanales. Quatre policiers meurent sur le coup, alors que quatre autres, blessés, ont été achevés à l'arme blanche. Les terroristes ont emporté avec eux huit kalachnikovs et sept pistolets-mitrailleurs (PA) avant de s'évaporer dans les montagnes fortement boisées et au relief accidenté dans cette zone du massif de Collo. Treize autres militaires ont été blessés après le dérapage de leur véhicule, alors qu'ils portaient secours aux éléments de la BMPJ. L'explosion de la première bombe a causé un grand cratère sur la chaussée obligeant les automobilistes à emprunter la route de Constantine. Durant la nuit de l'attentat, des opérations héliportées ont pilonné la région boisée du lieu de l'attentat et des renforts sont arrivés de Skikda et de la 5e Région militaire. Les forces combinées de lutte antiterroriste ont investi les montagnes de Aïn Kechra jusqu'aux confins de la wilaya de Jijel pour traquer les auteurs du carnage de Oued Zeggar. Aucun bilan de ce ratissage n'est pour le moment connu. A. B.