Certains titres de presse évoquent un supposé différend entre l'armée et le Président pour tenter de renverser médiatiquement ce dernier. Une source proche de la présidence de la République s'est confiée hier au journal arabophone paraissant à Londres, Ashark El-Awsat dans le but de remettre les pendules à l'heure par rapport à la campagne médiatico-politique qui bat présentement son plein contre le Président de la République. Cette source, tout de go, commence par souligner: «Les relations entre Abdelaziz Bouteflika et l'institution militaire sont parfaitement normales.» Cette source, en revanche, a refusé de commenter le communiqué rendu public jeudi par le général à la retraite Khaled Nezzar dans lequel, sans le citer nommément, il accuse le Président d'être «derrière la campagne internationale visant les hauts responsables de l'armée nationale». C'est cette sortie qui a servi de fer de lance à la campagne, particulièrement virulente, entamée depuis une semaine contre le chef de l'Etat sous la forme d'un véritable feuilleton de l'été dont la finalité est clairement explicitée dans un nombre impressionnant d'articles de presse. Aussi, la source proche de la présidence de la République n'en précise-t-elle pas moins que «Monsieur Khaled Nezzar est un citoyen algérien. A ce titre, il a le droit de dire ce qu'il veut et d'interpréter les événements comme bon lui semble. Mais, en aucune manière, il ne peut s'arroger le droit de s'exprimer au nom d'une quelconque partie, et encore moins à amener le peuple à suivre sa vision des choses». Cette source, dans le but manifeste de resituer le débat dans son véritable contexte sans que nul besoin soit éprouvé pour une quelconque justification, ajoute que «le Président Bouteflika a déjà eu à critiquer et à condamner officiellement et publiquement Habib Souaïdia, sans oublier le fait qu'il a déjà eu, à maintes reprises, à prendre la défense de l'institution militaire et de son état-major». La source présidentielle, enfin, souligne que «les seules déclarations à prendre en compte sont ce qui se dit officiellement. Or, Mohamed Lamari, le chef d'état-major, a déjà eu, à deux reprises, à expliquer que l'ANP n'a pas à juger le Président de la République, que celui-ci jouit de prérogatives constitutionnelles clairement établies alors que l'ANP se borne à accomplir les missions qui sont les siennes selon les propres termes de la Constitution algérienne». Plus directe encore, une source parlementaire proche du FLN, citée par le même journal, indique ironiquement: «Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu connaissance d'une quelconque déclaration officielle critiquant la manière dont sont menées les affaires du pays par le Président de la République. Quant aux déclarations personnelles, faites par des sources n'ayant plus aucun commun rapport avec l'ANP, il faut dire qu'elles n'engagent que leurs auteurs.» Ce représentant du parti majoritaire à la Chambre basse du Parlement défie les auteurs des brûlots régulièrement commis contre le chef de l'Etat de «donner des preuves sur les supposées décisions qu'auraient prises le Président en vue de redonner du souffle au mouvement intégriste ou de réhabiliter le FIS dissous». Le journal londonien, pour finir, laisse entendre que cette levée de boucliers subite serait liée à la présidentielle prévue pour l'année prochaine. Elle viserait à empêcher Bouteflika de briguer un second mandat alors que la Constitution l'y autorise et qu'il appartient au peuple, et à lui seul, de choisir ses représentants.