Les ratissages ne sont plus aussi utiles. Avec 95 assassinats depuis le 1er juillet et peut-être 870 morts depuis le début de l'année (dont au moins 150 éléments armés), l'année en cours se présente comme un terrible effort de la part du GIA pour se réapproprier les espaces perdus, et surtout se doter d'une nouvelle stratégie à même de mettre à mal les services de sécurité. La plus importante mutation apportée à ses structures internes concerne certainement, le travail fait dans la création de réseaux urbains «performants». Désormais, ce sont des jeunes new-age, au look impeccable qui s'imposent : jean et Reebok ont remplacé le kamis, et la dextérité et l'efficacité de cellules restreintes ont remplacé les katibate imposantes. En privilégiant les attentats perpétrés dans le tissu urbain, le GIA délaisse la grande concentration d'hommes et de matériels dans les maquis disséminés dans les contreforts de Médéa et du massif blidéen. Première conséquence: les ratissages ne sont plus aussi utiles. Les cellules restreintes existant et activant dans les villes sont plus «effacées» qu'efficaces. Deuxième conséquence: le matériel de vision nocturne, qui avait longtemps fait défaut aux services de sécurité, est devenu, lui aussi, inutile. Le tissu urbain, dense, diffus et nébuleux, se prête à merveille aux nouveaux groupes terroristes. Comme au temps de Moh Allel et Noureddine Sellamna, la guérilla urbaine est privilégiée pour ce qu'elle offre aux groupes locaux d'autonomie dans les actes, le mouvement et le recrutement. L'insignifiance des hommes et de l'armement ne permet plus d'élaborer des grands schémas comme l'édification de l'Etat islamique et la résurrection du califat, mais permet de pousser la psychose aux attentats et la peur face à l'ennemi invisible jusqu'aux extrêmes limites. Désormais, c'est le règne de la terreur qu'affectionne le GIA avec une moyenne de 40 à 50 assassinats par (fin de) semaine, la stratégie de la menace permanente est portée à son summum.