Pour les deux premiers jours du Ramadhan, les événements insolites n'ont pas manqué. Les effets du jeûne commencent à se faire sentir. Au premier jour du Ramadhan, l'Ouest d'Alger est secoué par un événement malheureux. A Raïs Hamidou, une personne est blessée au couteau suite à une rixe. Cela se passe dans un marché improvisé. Deux heures avant la rupture du jeûne, un différend éclate entre deux personnes. Les événements évoluent rapidement. Deux troupes de protagonistes sont formées. Un coup de couteau et la peau de l'un des adversaires est transpercée. Incroyable! Une futilité a failli coûter la vie à un homme. C'est dire combien la vie humaine est banalisée. Pourtant, nous sommes en plein mois de piété et de clémence, mais le quotidien des Algériens est loin de ce principe. Toujours à Alger, le quartier Ferhat-Boussad (ex-Meissonnier) est le théâtre d'accrocs entre services de sécurité et «vendeurs à la sauvette». Il est 15h00. Cela fait des heures que les vendeurs ont occupé les espaces du marché et les abords de la voie publique y menant. Légumes, fruits, ingrédients, épices, matloû (galettes maison), tout ce qui peut garnir la table du Ramadhan est étalé. A l'évidence, l'objectif est d'allécher le citoyen. Surprise! c'est «la descente des services de sécurité!», s'alarment quelques vendeurs. Quelques-uns quittent les lieux à la sauvette. D'autres n'ont pas le temps de fuir, «ils sont pris la main dans le sac». Sans autorisation de vente ni registre du commerce, les vendeurs sont mis en demeure de quitter les lieux. Ces derniers réclament leurs «marchandises». La tension monte d'un cran. Echange d'amabilités, rixes, puis...rien. Les vendeurs se dispersent. C'est la recette d'une journée de commerce illicite qui part en fumée. Le marché Meissonnier retrouve son ambiance habituelle, mais les minutes s'égrainent difficilement. La faim et la soif mettent les nerfs à rude épreuve. Cela dit, des événements frisant l'insolite se produisent même durant la nuit. Aux Anassers, les habitants ont connu une rupture du jeûne peu commune. Cela s'est passé durant la nuit du samedi au vendredi derniers. Vers trois heures du matin, un jeune, la trentaine, sort de chez lui en bermuda et pieds nus. En colère, ce dernier court en direction d'un immeuble. Apparemment, il veut en découdre avec l'un de ses voisins. Derrière lui, le père et ses frères essayent de lui faire entendre raison. «Mon fils, reviens!», supplie le père. L'un des frères retient le jeune homme en question. «Lâche-moi!», lui crie ce dernier. Tout cela se déroule sous les yeux ahuris des autres voisins. Direction, la ville de Blida. Les habitants de la cité Ben-Boulaïd n'oublieront pas de sitôt la nuit de dimanche à lundi derniers. Ce qu'ils ont vécu s'apparente à un show nocturne où la réalité dépasse la fiction. Et ce ne sont sûrement pas les humoristes qui en apporteront la contradiction. Vérifions: à quatre heures du matin, un jeune, dans un état second, se trompe de maison. Au lieu de rentrer chez lui, il entre chez des voisins. A celui qui voulait le faire sortir, le jeune homme rétorquait qu'il était «bel et bien» chez lui. Ainsi, il a fallu de longues tractations pour le faire sortir. Autres régions, autres incidents. Nous sommes dans la ville de Boufarik, wilaya de Blida. A Zenqat l'Aarab (la ruelle des Arabes), les deux trottoirs de la voie publique sont submergés de différents étalages. Pour circuler, les piétons sont obligés de le faire sur la chaussée. Aux klaxons stridents des voitures se mêlent les cris des vendeurs. «Achetez à bas prix!», crie un vendeur. «Venez apprécier la qualité!», vante un autre. Pour les prix, ceux affichés ne prêtent guère à l'enthousiasme. Côté qualité, c'est selon les appréciations des uns et des autres. Une question: ces vendeurs sont-ils autorisés à occuper la voie publique de la sorte et exercer leur négoce? La suite des événements nous fournira une réponse pour le moins inattendue. Descente des agents de l'APC. Ils ont la ferme intention de faire respecter la loi. Les vendeurs ne l'entendent pas de cette oreille. Intransigeants, les agents de l'APC ordonnent de quitter les lieux. «C'est mon gagne-pain», fulmine l'un de ces derniers. «Je suis un père de famille au chômage. A travers cette activité, je gagne petit, juste de quoi nourrir mes enfants», déplore un autre. Aux arguments des vendeurs, les représentants de l'APC opposent la rigueur des textes en vigueur. Soudain, le ton monte. Des échauffourées éclatent. N'était l'intervention des services de sécurité, la situation aurait dégénéré. Décidément, le Ramadhan est le mois où «tout est possible».