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Les grands chantiers de la réforme
ECOLE, JUSTICE ET ADMINISTRATION
Publié dans L'Expression le 16 - 07 - 2002

Loin d'être une finalité en soi, il est recherché à travers ces actions l'instauration d'une démocratie digne de ce nom.
Le Président, parfaitement conscient que la lutte contre le terrorisme, aussi efficiente soit-elle, ne pourra venir à bout de la violence sans mesures d'accompagnement, a mis en chantier un fort ambitieux projet de sortie définitive de la crise multidimensionnelle qui mine l'Algérie depuis plus de dix ans.
Parallèlement, donc, à la restauration de la paix civile, le gouvernement, qui oeuvrera à homogénéiser les actions de ses différents minis- tres, aura pour seconde priorité «d'oeuvrer à la réussite des trois grandes réformes impulsées et suivies de près par le Président de la République, à savoir la réforme de la justice, celle des missions et du rôle de l'Etat et celle du système éducatif». Particulièrement critiqué à propos de ces réformes qui tardent tant à se faire jour, le Président vient ainsi de fermer une nouvelle porte à la face de ses détracteurs qui, faisant flèche de tout bois, avaient simplement omis de signaler dans leurs acerbes critiques que c'est le Président, et personne d'autre, qui se trouve derrière le lancement de ces très grands chantiers.
Le programme, dans ce contexte, souligne avec force que «la réussite de ces réformes déterminera le bon fonctionnement ou pas de notre système national dans son ensemble». Abordant le sujet de la réforme de la justice, le document a usé exprès de mots argotiques devenus très courants dans le langage parlé de tous les Algériens: «Sans cette réforme, le binôme des droits et des devoirs des citoyens que véhiculent la démocratie et l'Etat de droit ne saurait être pleinement consacré (...) Nos compatriotes resteront exposés aux germes des turbulences et même du désespoir qui ont pour noms hogra, dépassements, népotisme et corruption.» Il est rappelé la mise en place, il y a deux ans, d'un plan d'urgence, qui a pris en charge les besoins les plus pressants des citoyens, à savoir «la présomption d'innocence, et la consécration effective de l'indépendance du magistrat».
Ces deux données seront particulièrement renforcées à travers le programme gouvernemental actuel. L'objectif final étant de se mettre au diapason des meilleures justices de par le monde et ce, y compris en matière de respect et de protection systématiques des droits de l'Homme à travers la création d'une «structure idoine auprès du ministre de la Justice, chargée d'assurer le respect effectif de ces droits lors de l'élaboration des différentes normes juridiques nationales et d'en prévenir la violation». S'agissant de la justice elle-même, il est question, en gros, d'aller vers «un meilleur management des différents corps et professions concourant au fonctionnement de la justice».
De nombreux magistrats et avocats consultés se sont accordés à qualifier ce plan de «très ambitieux et de particulièrement positif tant pour les professionnels du secteur que pour les justiciables eux-mêmes». A cet égard, «le statut de la magistrature et la loi relative au Conseil supérieur de la magistrature seront prioritairement finalisés».
Donnant son plein sens à l'harmonisation entre les différents chantiers et ministères du gouvernement Benflis, le programme souligne que la réforme de la justice, prévue en priorité, aidera à soutenir le restant des réformes, y compris celles d'ordre social et économique. Une refonte quasi intégrale du système carcéral est, elle aussi, à l'ordre du jour.
La réforme de l'Etat, autre priorité du programme gouvernemental, aura pour missions, peut-on lire, «l'avènement de nouvelles relations entre l'administration et le citoyen, et tout particulièrement le rétablissement de la confiance entre l'administration et l'administré», ce qui constitue un «approfondissement du processus démocratique» donnant son plein sens au principe de «la souveraineté populaire». Dans ce cadre, il ne fait presque pas de doute que les Codes communal et de wilaya seront révisés afin d'octroyer plus de prérogatives aux élus par rapport aux commis, ce qui constitue le B. A.-ba de la démocratie véritable. Le programme, qui ne semble pas vouloir abonder dans ce sens, prévoit, au contraire, de «raffermir» les missions et les prérogatives des walis et des chefs de daïra.
Une plus grande transparence dans la gestion des affaires de la cité, de même qu'un traitement équitable pour tous devant l'administration, serviraient à stopper la corruption, les passe-droits et le népotisme, à ceci près que des voies de recours soient mises en place en ce sens puisque le mal est tellement profond que la bonne volonté de toutes et de tous ne serait pas de trop pour mener à bien un chantier de cette envergure. D'autant qu'il est question d'établir une sorte de «pacte de confiance entre le citoyen et les collectivités locales».
Le troisième grand chantier des réformes, celui qui a sans doute fait couler le plus d'encre et de salive, est celui de l'école algérienne. Il sera mené à bien si l'on en croit les termes très clairs contenus dans le document gouvernemental. Ce sont les grandes lignes du rapport Benzaghou, déplaisant tant aux islamistes, qui y sont reconduites.
Outre l'amélioration de la qualité de l'encadrement, une totale refonte de la pédagogie est au «programme», avec un renforcement de l'enseignement de la langue arabe, mais aussi une plus grande prise en charge de tamazight, seconde langue nationale en Algérie. Outre les deux langues étrangères déjà dispensées dans l'enseignement courant, une troisième langue sera introduite, mais aussi un module scientifique en arabe dans les disciplines médicales, scientifiques et technologiques. Dès l'année prochaine, les établissements de l'enseignement privé, juridiquement aptes à exercer, seront ouverts. L'enseignement moyen, dès l'année suivante, reviendra à quatre années, avec possibilité de réduire l'enseignement primaire à seulement 5 années.
L'année d'après touchera l'enseignement secondaire qui, suivant la nouvelle organisation, sera transformé en «enseignement post-obligatoire» afin de réduire le nombre de recalés au bac et de redonner ses lettres de noblesse à la formation professionnelle et aux cycles de formation courts.
L'enseignement supérieur, lui, s'adaptera aux mutations technologiques et économiques actuelles en faisant corps avec la recherche scientifique et en cherchant des sources de financement dans ce créneau via des contrats de partenariat avec les entreprises et les administrations.


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