L'interprète de musique andalouse, fidèle au rendez-vous ramadhanesque, vous invite à venir apprécier ses noubas ce jeudi 27 août au Palais de la culture Moufdi-Zakaria ainsi que le 7 septembre à la salle El Mougar. Le programme sera différent pour chacun de ses concerts avec la nouba en première partie et l'aroubi et le hawzi en seconde partie ainsi que du medh spécial Ramadhan. Et si tout se passe bien, probablement une prochaine date sera ajoutée à Chlef. Un des souhaits les plus chers de Beihdja Rahal car après avoir été dans sept villes du pays, il y a quelques mois, pour faire découvrir la musique andalouse, son désir est de reprendre la route pour aller à la rencontre de nouveaux mélomanes et surtout faire partager avec eux cette musique qui, ne cesse-elle de répéter avec conviction «appartient à tout le monde, c'est notre patrimoine à tous, pas seulement aux gens d'Alger». Et de confier: «J'ai insisté pour aller me produire la-bas, je ne dis pas que les salles étaient archicombles comme à Alger où le public est acquis, mais on y affiche "spectacle familial" et c'est bien car les familles viennent et c'est très bien. Quand c'est nouveau peut-être, on n'adhère pas facilement. Il y a parfois des groupes qui parlent entre eux alors j'essaie de les sensibiliser, entre deux pauses et leur dire: attention! cette musique c'est aussi votre identité, par rapport à d'autres musiques traditionnelles, puis ils se taisent naturellement et ils écoutent car se sentant plus concernés...» Côté nouveauté, Beihdja Rahal prépare une nouvelle nouba mais préfère ne rien dire pour le moment. Apres la nouba Sika 2, la chanteuse, en tout cas, promet de revenir au mois de février prochain avec du nouveau et des concerts de promotion comme elle sait le faire avec professionnalisme et intelligence. Côté concert en France, où elle habite le reste de l'année, Beihdja Rahal sera le 5 février 2010 à l'Institut du monde arabe avec un master class et débat en plus d'un miniconcert en fin de journée et le 26 mars, au Centre culturel algérien de Paris. Il est aussi prévu la sortie d'un album spécial pour le compte de l'Institut du monde rabe, nous apprend-elle. Cela étant, elle déplore le fait qu'on ne la sollicite jamais en Algérie lorsqu'il s'agit d'un festival. «Cela fait 3 ans que le Festival international de musique andalouse existe, mais on ne m'invite pas, Bon! ça ne fait rien. Mais quand je lis dans la presse, je trouve comme excuse: parce qu'elle n'a rien de nouveau! Je m'étonne...Ma spécialité est la nouba, vous voulez que je chante du raï, du kabyle pour dire que c'est du nouveau? Si avec 18 albums et tous les concerts que je donne, il n'y a pas de nouveau, je ne comprends pas. Quand il y a un festival en Algérie, je ne suis jamais programmée, le Ramadhan c'est bien, le programme est varié, large et brasse tous les genres de musique, mais un festival c'est censé être plus pointu dans le domaine.» Aussi, argue-t-elle, pour rehausser le niveau des festivals de musique andalouse, Beihdja Rahal préconise d'inviter, au lieu des associations, les professionnels de la musique andalouse. «Il existe un Festival du hawzi à Constantine, un autre du malouf. Qui participe à ces festivals en général? Ce sont les associations. Celles-ci restent des groupes amateurs. On devrait inviter des professionnels. Car si on ramène des professionnels étrangers, on se doit de les présenter et les faire confronter à des professionnels. J'ai vu le programme du Festival du malouf qui, d'habitude se fait à Skikda, cette année, il se fera en octobre, à Constantine, il revient dans son terreau d'origine. Il y aura des professionnels étrangers alors que la plupart des Algériens participants ne le sont pas. Les professionnels algériens sont connus. Je ne parle pas de moi. Entre ceux qui sont à l'étranger et ceux qui se trouvent en Algérie, ils sont peut-être une dizaine...». Sachant qu'elle a beaucoup de fans en Algérie et sans se vanter, Beihdja regrette aussi le fait qu'à l'étranger les organisateurs de festivals soient de véritables mélomanes qui l'invitent souvent en affirmant de faire partie de ses fans alors qu'en Algérie, c'est le néant. Une anecdote qu'elle nous raconte nous a laisseé pantois. «Quand un directeur d'un centre culturel ne sait même pas s'il doit vous autoriser à chanter et vous demande de solliciter vous-même le ministère de la Culture, c'est aberrant. Si au moins il m'avait dit qu'il n'y a pas assez de budget ou c'est complet, je comprendrai, mais me demander à moi de contacter le ministère de la Culture, ce qui n'est pas de mes prérogatives pour me faire jouer (en concert) dans sa ville, c'est illogique, comment voulez-vous qu'on puisse progresser? Il y en a même qui vous disent de ne pas vous inquiéter car vous allez passer dans sa ville, des promesses puis, plus rien. Moi, j'attends que l'on m'appelle pour jouer à l'intérieur du pays car la musique andalouse est algérienne et nationale.» Aussi, fait-elle remarquer avec une pointe d'amertume non dénuée d'optimisme: «Quand je suis dans une ville, c'est pour un concert, deux au maximum. En principe, on passe dans une ville, on fait un concert puis on va ailleurs. C'est pas intéressant pour un artiste de rester dans la même ville. On a la matière, mais une nouba ne se prépare pas facilement, on ne répète pas avec un orchestre en deux heures. Après m'être autorisée quelques jours de congé, j'ai commencé à répéter plus de 6 heures par jour et ce, pour bien préparer ces deux concerts. Que ce soit du hawzi ou de la variété, le travail ne se prépare pas de la même manière.» Enfin, évoquant avec nous le 2e Festival culturel panafricain, Beihdja Rahal, sceptique, confie ne pas avoir été sollicitée car dit-elle: «Le Panaf n'a invité aucun interprète de musique andalouse car on nous a dit que ce n'est pas africain.» Elle se demande donc: «En quoi la musique orientale de Warda El Djazaïria, c'est africain?» Quoi qu'il en soit, les vrais mélomanes sauront reconnaître la bonne musique et faire la différence. Rendez-vous donc pris ce jeudi au Palais de la culture pour une soirée encore plus féerique.