C'est un véritable programme d'urgence, de sauvetage de l'Algérie, que le gouvernement compte soumettre dès dimanche prochain à l'appréciation du Parlement. Sans doute, n'est pas un hasard si le gouvernement, suivant les directives très claires du chef de l'Etat, a décrété que «la sécurité sera la priorité absolue de son actuel plan d'action». Dans son allocution au Conseil des ministres, le chef de l'Etat n'a pas manqué de resituer le débat dans son contexte idoine, à savoir «le choix fructueux de la concorde civile, tout en poursuivant sans relâche la lutte contre le terrorisme». En clair, Bouteflika, qui semble avoir pris en main le dossier sécuritaire, ce qui constitue une première dans les annales nationales, compte intéresser tout un chacun au rétablissement de la paix en Algérie en mobilisant «autant les forces de sécurité que les collectivités nationales». Objectif: «Pacifier les coeurs et les esprits et conduire les Algériens à s'accepter mutuellement dans la diversité de leur opinion». La réponse est donc claire à la campagne qui fait, présentement, rage contre le Président et la concorde. Une campagne qui attise la haine entre les citoyens d'un même pays, voire d'une même famille, à la poursuite de desseins pour le moins inavoués. L'objectif final, est-il souligné, est d'arriver à «la restauration entière et durable de la sécurité au bénéfice des personnes et des biens, partout à travers le territoire national». Dans le même chapitre, le programme, dont nous avons réussi à obtenir une copie, accorde quelque place au chapitre de la «professionnalisation de l'armée». Ce besoin est rendu pressant, est-il souligné, dans le cadre des «changements intervenus sur la scène géopolitique mondiale, les innovations technologiques et les nouvelles formes de menace à la paix et à la sécurité». Ces besoins impliquent de facto une «redéfinition des missions de l'armée». Suivant les prérogatives constitutionnelles, le chef de l'Etat est parfaitement habilité à prendre en charge ces réformes et à les assumer. Il est question, à ce sujet, de «s'intégrer dans un système de défense collectif», l'OTAN, présumons-nous, tout en «améliorant les capacités opérationnelles de nos forces armées» en passant par «une adaptation du service national aux nouvelles missions dévolues à toutes les armées modernes». Il sera, sans doute, question de revoir à la baisse la durée du service national, mais aussi de le rendre plus technique, et donc plus efficace. L'intégration de notre armée dans un système de défense global sous-entend qu'elle pourrait prendre part à certaines missions de rétablissement de la paix dans certaines régions du monde sous l'égide exclusive des autorités internationales compétentes. Ce n'est pas là le moindre des dossiers que portera à bras le corps la nouvelle équipe gouvernementale de Ali Benflis, même s'il s'agit là de sa principale priorité.