Cela porte à 41 le nombre de personnes infectées par le virus H1N1 depuis le 20 juin 2009, date de son apparition en Algérie. La pandémie est-elle déjà à nos portes? Le mois d'août a été particulièrement favorable à la propagation du virus de la grippe porcine à travers l'ensemble du territoire national. Plus de 50% des cas recensés jusqu'à aujourd'hui l'ont été durant les quatre dernières semaines. Soit 23 individus sur un total de 41. Des chiffres extrêmement alarmants même si aucun décès n'a été enregistré à l'heure actuelle. Les communiqués émanant du ministère de la Santé et de la Population ou des services du laboratoire de référence de la grippe A de l'Institut Pasteur d'Algérie se suivent et se ressemblent. Le virus vient d'ailleurs. Sept nouveaux cas, parmi lesquels figure un étranger, ont été confirmés. Tous proviennent hors de nos frontières. Les identités n'ont pas été révélées. Cinq sont pris en charge à l'hôpital d'El Kettar. Un autre se trouve au niveau du CHU de Béni Messous. Quant au septième, il est traité à l'hôpital de référence de Tindouf à l'extrême sud-ouest du pays. «Toutes ces personnes sont rentrées au pays entre le 24 et le 25 août en provenance d'Espagne et des Etats-Unis», ont indiqué les services du département de la santé. L'été tire à sa fin et la saison automnale propice à la grippe classique risque très fort de faire télescoper les deux virus. Sachant que celui de la grippe saisonnière provoque la mort de 250.000 à 500.000 personnes à travers le monde, on peut, d'ores et déjà, imaginer le lourd tribut qu'aura à payer l'ensemble de la planète si la pandémie qui risque de se déclarer plus rapidement que prévu n'est pas enrayée. Le vaccin sera disponible d'ici la fin du mois de septembre, nous dit-on. Sur une population de plus de 35 millions d'habitants l'Algérie devait recevoir 65 millions de doses. Ce qui représente moins de deux vaccins par individu. Ces chiffres doivent cependant être revus à la baisse d'après le chargé de communication du ministère de la Santé. «La quantité que recevra l'Algérie sera beaucoup plus moindre que ce qu'elle a demandé», a fait savoir Slim Belkessam. La raison? L'Organisation mondiale de la santé aurait évoqué un approvisionnement limité selon les explications fournies par ce dernier. Ce qui apparait comme paradoxal, si l'on se fie aux dernières déclarations du directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé pour le Pacifique. «C'est dans les pays en développement que la propagation accélérée de la grippe AH1N1 pose la plus grande menace dans la mesure où elle met sous tension des systèmes de santé sous-équipés, qui ne sont pas dotés de fonds suffisants», a fait remarquer Shin Young-soo. L'Algérie donne-t-elle l'impression de ne pas rentrer dans cette catégorie de pays? Si l'on se fie aux statistiques on serait tenté de répondre par l'affirmative. Faut-il pour autant baisser les bras devant un tel fléau? Les recommandations de base, pour éviter les risques de contamination, consistent à se laver régulièrement les mains avec du savon liquide. Lorsque l'on a pris en compte les conditions d'hygiène et la promiscuité dans lesquelles évolue la société algérienne, il est fort à craindre que le virus de la grippe A ne trouve un de ses terreaux les plus adéquats pour sa propagation. Si les systèmes de veille, au niveau des ports et des aéroports, semblent pour le moment répondre à la stratégie mise en place par les pouvoirs publics, pour faire face à cette épidémie, qu'en est-il de nos frontières terrestres et des personnes qui ont été mises en contact avec les personnes contaminées et qui ne se sont très probablement pas manifestées? A titre d'exemple, connaît-on les chiffres officiels des personnes atteintes par le VIH, le virus du sida, et qui en sont décédées? Certes, la comparaison peut sembler incongrue, néanmoins, elle ne se limite qu'au déficit en communication accusé par les services concernés. Le virus de la grippe porcine est d'une autre dimension, mais il reste redoutablement dangereux et mortel. 2200 personnes ont perdu la vie depuis son apparition il y a maintenant moins de six mois (depuis mars 2009). Et cela ne va pas malheureusement s'arrêter là. «La propagation de la grippe AH1N1 dans le monde va mettre en danger plus de vies au moment de son accélération dans les prochains mois et les gouvernements doivent être en mesure de fournir une réponse rapide à une "explosion" des cas», a averti, le 21 août, l'OMS. Voilà qui devrait donner à réfléchir au ministre des Affaires religieuses qui s'apprête à autoriser 36.000 citoyens algériens à accomplir le pèlerinage dans un pays qui est frappé de plein fouet par le virus de la grippe mexicaine. Il y a tout juste une semaine, l'Arabie Saoudite enregistrait son 16e décès et plus de 700 personnes contaminées par le virus de la grippe A.