Le gouvernement reste intransigeant. Le gouvernement n'a pas l'intention de stopper les investissements directs étrangers, encore moins de sanctionner les partenaires économiques, de l'Algérie. Une fois encore, le ministre des Finances Karim Djoudi a dû rappeler «ces vérités» afin de clarifier la nouvelle démarche du gouvernement, entreprise dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, il a soutenu que «la logique du gouvernement réside dans la mise en place d'un constat, la projection de la situation économique et financière du pays, l'identification des risques ainsi que l'orientation de l'action économique de façon à assurer la viabilité des équilibres internes et externes». Le grand argentier cite «la croissance additionnelle», «la diversification des projets» ainsi que l'orientation des investissements vers des «secteurs porteurs de revenus extérieurs» comme trois conditions incontournables pour valider un projet d'investissement d'un partenaire étranger. Dans un autre chapitre, le ministre est revenu sur la suppression du crédit à la consommation. Le gouvernement n'a pas changé d'opinion. M.Djoudi souligne à cet effet que ce crédit est caractérisé par trois éléments: premièrement, «il est orienté vers l'acquisition de véhicules importés, au bénéfice d'une industrie qui n'existe pas en Algérie», deuxièmement, «il est développé par des banques privées, particulièrement étrangères.», troisièmement, «il y a un emballement de la demande qui s'opère auprès des ménages et qui crée des situations assez difficiles, voire de surendettement». «Le propre d'une action du gouvernement n'est pas de prendre des mesures impopulaires, mais de prendre des mesures qui répondent à des situations données à un moment donné», indique le ministre des Finances. La troisième mesure défendue par M.Djoudi concerne le crédit documentaire. Il fait remarquer dans ce sens que «le commerce extérieur algérien connaît un emballement des importations dans un contexte où les revenus extérieurs sont en train de se tasser, tout au moins sur l'exercice 2009, puisqu'on enregistre une baisse de 50% des revenus extérieurs et des revenus fiscaux résultant de la fiscalité pétrolière, les importations sont financées essentiellement par un mode qui est le transfert libre». Ce sont tous ces éléments que le ministre transmettra à la délégation française qui arrivera prochainement à Alger. En effet, des élus provinciaux comptent se faire les porte-parole des opérateurs marseillais auprès du gouvernement algérien concernant le changement de politique économique. La situation est tellement critique dans la région marseillaise que c'est Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat française au Commerce extérieur, qui va rencontrer, aujourd'hui, les responsables politiques et consulaires locaux, les fédérations professionnelles et les opérateurs du commerce avec l'Algérie, selon le site econostrum.info. A cette occasion, Mme Idrac officialisera le départ de la délégation provençale à Alger et en précisera la date. «Nous pouvons comprendre certaines décisions mais pas la brutalité de ces décisions. Ceci nécessite une explication et peut-être une adaptation ou des mesures transitoires pour nous voisins méditerranéens», commente Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. La délégation qui se rendra à Alger présentera aux autorités algériennes le projet d'une Maison de Marseille-Provence visant à encourager les échanges entre l'Algérie et Marseille «dans le sens d'un intérêt partagé.» Certaines mesures envisagées dans la loi de finances algérienne pour 2010 sont jugées comme «préoccupantes» pour l'avenir du port. Le même site révèle que M.Roland Blum, premier adjoint au maire, devrait se rendre à Alger à la fin du mois d'octobre. Tout compte fait, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a donné le ton en affirmant que «les intérêts de l'Algérie priment», et que le gouvernement ne fera pas marche arrière. Il faut rappeler que les dispositions de la loi de finances complémentaire a sérieusement affecté le grand port maritime de Marseille, dont le trafic de matériel d'occasion est une des composantes essentielles. Le projet de loi de finances envisage d'interdire l'importation de tout matériel d'occasion, notamment de travaux publics. Il instaure également une taxe supplémentaire sur les documents portuaires et oblige le responsable légal de la société de négoce à effectuer lui-même les formalités de retrait des marchandises. Le gérant, dans le cas d'une Sarl, ou le président, si c'est une société anonyme, devront s'en acquitter en personne. Des mesures que le premier adjoint de Marseille qualifie de «tracasseries administratives».