Pour son premier conseil, le nouveau directeur général de l'Aiea, Yukiya Amano, a inscrit au menu le nucléaire iranien. Un nouveau rapport sur l'Iran devait être au menu, à partir d'aujourd'hui, du premier Conseil des gouverneurs sous l'égide du nouveau directeur de l'Aiea, le Japonais Yukiya Amano, qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles sanctions contre Téhéran, selon des diplomates. En dépit des premières inquiétudes du nouveau patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), la République islamique devrait échapper à une nouvelle condamnation au terme des quatre jours de réunion. D'après des diplomates, une nouvelle censure quelques mois seulement après celle de novembre, lors du précédent Conseil des gouverneurs, n'apporterait pas grand chose. Mais, les 35 gouverneurs au siège viennois de l'Aiea pourraient préparer le terrain pour une quatrième série de sanctions au Conseil de sécurité de l'ONU, les trois premières n'ayant toutefois pas fait plier le régime islamique. «Fondamentalement, le problème concerne plus New York en ce moment. Le rapport d'Amano et les discussions du Conseil des gouverneurs formeront la base de prochaines consultations à New York», explique un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. Le dossier nucléaire iranien est traité depuis février 2006 par le Conseil de sécurité de l'ONU et a déjà donné lieu à trois série de sanctions, Téhéran refusant d'interrompre ses activités nucléaires le temps que l'Aiea puisse vérifier leur nature pacifique. Les Occidentaux soupçonnent la République islamique de vouloir se doter en cachette de l'arme atomique, ce que l'Iran dément, proclamant que son programme nucléaire est strictement civil. Les Etats-Unis, par la voix de leur secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, ont appelé de leurs voeux une résolution du Conseil de sécurité sur une quatrième série de sanctions dans «les 30 à 60 prochains jours». Par le passé, parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine ont rechigné à sévir. Mais Moscou, qui a entretenu une relation privilégiée avec Téhéran pendant de nombreuses années, a montré une irritation grandissante à l'égard de l'Iran dernièrement et a déclaré ne pas exclure de nouvelles sanctions. Seule la Chine semble être réticente, estimant que la diplomatie peut encore l'emporter. Même sans nouvelle résolution à l'Aiea, «plusieurs Etats membres exprimeront leurs inquiétudes dans des déclarations fortes sur les enseignements du rapport du directeur général», selon un autre diplomate occidental. Le document de 10 pages, le premier publié par Yukiya Amano depuis son entrée en fonction à l'Aiea le 1er décembre, souligne que l'Iran pourrait être «actuellement» en train d'élaborer une tête nucléaire et confirme que l'enrichissement d'uranium à un plus haut niveau a commencé. Téhéran affirme avoir un besoin urgent de ce combustible plus enrichi pour un réacteur de recherche à visées médicales, afin de traiter des cancers par exemple, sous peine de devoir le mettre à l'arrêt en fin d'année. La République islamique a cependant ignoré une proposition de l'Aiea consistant à faire enrichir par la Russie et la France les stocks d'uranium iranien, estimés à 2065 kg. Elle n'a pas formulé de réponse formelle à ce plan soumis au mois d'octobre. A la place, Téhéran a proposé la semaine dernière un échange d'uranium sur son territoire, jugé inacceptable par les Etats-Unis, la Russie, la France et même l'Aiea. Une telle procédure n'aurait pas l'effet rassurant d'éloigner l'uranium du territoire iranien pour une longue période. D'après plusieurs diplomates, mêmes les pays non-alignés sont frustrés que l'Iran n'ait pas accepté cette proposition, considérée alors comme avantageuse pour toutes les parties.