Les cours actuels de l'or noir, 67,67 dollars en fin de semaine dernière à New York, écartent l'éventualité d'une baisse de la production. Le sevrage de la demande mondiale de pétrole imposé par les trois réductions successives décidées par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole en 2008 semble relever du passé. Les syndromes de Vienne et d'Oran ne se répèteront certainement pas de sitôt. Il y a pratiquement maintenant une année, jour pour jour, que l'Opep avait décidé d'une première contraction de sa production (500.000 barils par jour) elle a été suivie de deux autres plus significatives le 24 octobre à Vienne en Autriche (1.500.000 barils par jour) et d'une troisième le 17 décembre à Oran en Algérie (2.200.000 barils par jour). Les cours du brut allaient s'effondrer pour toucher le seuil des 32 dollars. Depuis, ils se sont regaillardis et naviguent dans une fourchette comprise entre 65 à 70 dollars, en moyenne, qui permet d'éloigner le spectre d'une éventuelle baisse de la production. L'on demeure cependant encore loin des 75 dollars, un objectif que s'est fixé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et qui devrait satisfaire les pays consommateurs et les pays producteurs. Si la conjoncture actuelle de l'économie mondiale qui est entrée en récession ainsi que le dollar qui donne l'impression de remonter la pente par rapport à la monnaie unique européenne y sont pour quelque chose, il faut toutefois constater que la discipline est loin de régner dans les rangs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. L'application des quotas de la baisse des 4.200.000 barils par jour, décidée au second semestre de l'année dernière, est loin d'être respectée par certains membres du cartel. Elle avait atteint 83% au mois de mars 2009 et selon les prévisions de l'Opep, elle aurait dû se situer entre 90 et 95% le mois suivant. Pour rappel, lors de la réunion du 17 décembre à Oran, l'Opep avait fixé son plafond de production à 24,845 millions de barils par jour à partir du 1er janvier 2009. Paradoxalement, à la fin du premier trimestre de l'année en cours, un rapport de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole faisait apparaitre que cette dernière avait atteint 25,812 millions de barils par jour. Soit un excédent de près de 1 million de barils par jour, 967.000 plus exactement.La réunion de demain qui se tiendra dans la capitale autrichienne donnera lieu à de chaudes explications et fournira l'occasion aux membres de l'Opep de resserrer les rangs. Deux pays au moins devraient se retrouver particulièrement sur la sellette, à moins qu'ils n'aient remisé depuis leurs ambitions et leurs déclarations, qui ont fait désordre au placard. En effet, au mois d'avril dernier, le ministre du Pétrole du Koweït, Cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah affirmait que «le prix actuel du brut est satisfaisant». Et à son homologue du Qatar de surenchérir: «Un prix du baril de pétrole compris entre 40 et 50 dollars est réaliste en raison de la crise économique qui a secoué les pays industrialisés dont les économies sont de grosses consommatrices de pétrole», avait estimé de son côté Abdellah ben Ahmad al-Attiya, ministre qatari de l'Energie. Tout ce beau monde a été remis à sa place lors de la visite de travail effectuée par le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole au mois d'avril à Alger. «A 50 dollars, le prix du baril est insuffisant non seulement pour les producteurs mais également pour les investissements à consentir dans le secteur pétrolier pour assurer les approvisionnements du futur», a déclaré Abdellah El Badri, le 26 avril 2009, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec le ministre algérien de l'Energie et des Mines. «L'Algérie va demander aux pays membres de faire preuve de plus de discipline dans le respect des décisions entérinées par le passé», avait souligné Chakib Khelil en marge d'une visite d'inspection qu'il a effectuée à Bouira, il y a une dizaine de jours. Au début du mois d'avril le Koweït avait annoncé vouloir augmenter sa production, elle doit passer de 2,7 millions de b/j à 3 millions de b/j. Nul doute que demain, les réfractaires se feront tirer les oreilles et seront sévèrement rappelés à l'ordre.