Le football sport-roi demeure le seul élément catalyseur, susceptible d'unir les Algériens au point de les faire danser et exprimer la joie de vivre. Ils étaient 300 journalistes, à Blida, à couvrir le match Algérie-Zambie et 8000 policiers à assurer le service d'ordre et de sécurité lors du déroulement de la rencontre. L'imposant cordon sécuritaire augure de l'importance de l'événement, de la joie qui s'en suivra et des risques de dépassements, bien qu'aucun incident n'ait été enregistré. A l'instar des autres villes d'Algérie, la capitale a vibré sous la liesse des millions d'Algériens devenus, le temps du match, fervents supporters. La joie est générale et unificatrice. Les gens retrouvent une sorte de fraternité entre eux, leur dénominateur commun: l'Algérie qui gagne! Sur les hauteurs d'Alger, l'ambiance était, avant-hier soir, festive, après le match Algérie-Zambie. Et l'on s'était déjà préparé à la faire, cette fête, et marquer la victoire des Verts. Une victoire dont l'Algérie a été longtemps privée, l'obligeant à s'absenter de la compétition mondiale. Signe favorable, les résultats obtenus jusque-là attestent du retour de la bonne étoile comme si un sortilège a été exorcisé. A Dély Ibrahim, l'euphorie était générale. Les jeunes ont veillé très tard dans la nuit jusqu'au petit matin, vers 4h. Des dizaines de chauffeurs interprétaient une sorte de procession, tambourinant et donnant libre cours à leurs avertisseurs. Repus et rassasiés de bruit et de lumière, les fêtards pensent déjà au prochain match Algérie-Rwanda avant de rentrer chez eux et se préparer pour une nouvelle journée de jeûne. Un peu plus loin, à Châteauneuf, les youyous de femmes avaient marqué chaque action «chaude» et avaient fusé en choeur des balcons et terrasses telle une apothéose à l'annonce, par l'arbitre, de la fin du match. Feux d'artifice, fumigènes et autres fusées de détresse illuminant le ciel, le striant par moment, telle une voie lactée avaient égayé la nuit, douce et humide. Le mercure a été clément à son tour en permettant à une brise marine de souffler sur Alger et ramener un peu de fraîcheur. Alger a retrouvé ses marques signifiant l'approche de la saison d'automne et lui donnant un air de fête et de joie juste après la fin du match. L'ambiance est identique au centre-ville. Le défilé de voitures avec drapeaux et klaxon hantant la ville et ses avenues, bloquant certaines rues et artères. La fièvre avait alors atteint le centre-ville. A la place Audin et Didouche Mourad, Hassiba ou Belcourt en passant par le boulevard Amirouche, et Larbi Ben M'hidi, les rues et avenues avaient vrombi sous les centaines de véhicules. La longue et interminable procession mécanique a fini par créer des bouchons par endroit où il était impossible de circuler tant les véhicules étaient collés pare-chocs contre pare-chocs. C'est le cas pour le tunnel des facultés, la rue Didouche Mourad, Hassiba ou Amirouche. Les gens manifestaient leur liesse, accrochés ou à moitie hors des véhicules drapés du drapeau national. De jeunes fans agitaient leurs banderoles aux couleurs de leur club fétiche avec une musique de fond à plein tube. Les uns pavoisaient en exhibant des drapeaux italiens, car portant les mêmes couleurs algériennes, mais laissant aussi s'exprimer un besoin de fuite et le rêve «azuro».