L'attitude de Rabat aura des conséquences sur les relations hispano-marocaines. L'opération espagnole, qui a mis fin à la présence militaire marocaine sur l'îlotPerejil-Leïla, suivant de peu le rappel dans la nuit de mardi à mercredi de l'ambassadeur d'Espagne au Maroc, Fernando Arias Salgado, est la dernière manifestation de tension qui a marqué depuis quelque 15 mois les relations entre l'Espagne et le Maroc. Le premier incident est survenu le 25 avril 2001, après la décision prise par les ministres européens de la Pêche, mettant fin aux négociations avec le Maroc pour le renouvellement d'un accord sur la pêche, dont profite essentiellement la flotte espagnole. L'Espagne et par la voix de son chef du gouvernement, José Maria Aznar, qualifie d' «inacceptable» la position du Maroc dans les négociations. Il assure que l'attitude de Rabat aura des conséquences sur les relations hispano-marocaines. Le 22 août 2001, l'ambassadeur marocain en Espagne est convoqué par Josep Piqué, ministre espagnol des Affaires étrangères, qui lui a exprimé la «grande préoccupation» de son pays quant au nouveau flux des immigrés clandestins. La réponse du roi marocain s'est manifestée dans les colonnes du journal français Le Figaro en estimant que «les mafias espagnoles qui vivent de l'immigration clandestine sont plus riches que celles du Maroc». Il ajoute que les embarcations qui transportent les immigrants viennent d'Espagne Le royaume chérifien rappelle le 28 octobre son ambassadeur en Espagne et demande deux jours après l'ajournement du sommet hispano-marocain, prévu pour le 27 décembre. Des décisions motivées, selon Mohamed Benaïssa, ministre marocain des Affaires étrangères, notamment par «les positions espagnoles sur le conflit du Sahara occidental, jugées favorables aux thèses du Front Polisario, l'émigration clandestine et la pêche». La tension monte d'un cran, laissant profiler une véritable crise diplomatique entre les deux pays concernés, après les déclarations de Josep Piqué au quotidien Asharq Al-Awsat le 18 novembre dernier affirmant que «les enclaves de Ceuta et Melilla dont la souveraineté est réclamée par le Maroc, sont espagnoles depuis des siècles et le resteront». Le 31 janvier le Maroc qualifie d'acte «inamical» et «inacceptable» la publication à Madrid d'un décret autorisant la prospection pétrolière au large des îles Canaries face aux côtes atlantiques marocaines. Quelques mois après, il refoule une délégation d'élus locaux de ces îles en visite à El Ayoun Auparavant, l'Espagne avait imputé la tension régnant entre les deux pays à Rabat. Idem pour la crise au Sahara occidental. «L'occupation croissante» des territoires sahraouis par des colons marocains rend la solution du conflit du Sahara occidental «chaque fois plus difficile», avait déclaré le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Miquel Nadal. Le 6 juillet 2002, le Maroc proteste auprès de Madrid après que cinq navires de la marine espagnole se sont rapprochés des côtes d'El- Hoceima (nord du Maroc). L'ambassadeur espagnol à Rabat est convoqué au ministère marocain des Affaires étrangères. 11 juillet, une nouvelle crise diplomatique éclate entre Rabat et Madrid, après le déploiement par le Maroc, d'une douzaine de soldats sur un îlot Leïla, situé à moins de 200 mètres de la terre ferme marocaine, et à quelques kilomètres de l'enclave espagnole de Ceuta. Selon Madrid, l'îlot bénéficie depuis 40 ans d'un «statut» accepté par le Maroc et l'Espagne aux termes duquel ni le gouvernement espagnol ni le gouvernement marocain n'occuperont cette île. En revanche, Rabat estime que Perejil-Leïla n'est pas concerné par un accord de «statu quo» entre les deux pays. Hier, des militaires espagnols interviennent sur Perjil et délogent les soldats marocains. Le même jour Madrid a rappelé son ambassadeur au Maroc, Fernando Aria Salgado, pour consultations avec «effet immédiat», «faute d'avoir reçu une réponse satisfaisante» à la note verbale adressée par l'Espagne au Maroc le 11 juillet, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères espagnol.