La diplomatie marocaine s'est insurgée contre la motion de solidarité votée par les parlementaires portugais en faveur de la militante sahraouie des droits de l'homme. «Le Royaume du Maroc exprime son étonnement et sa déception à la suite de l'adoption, récente, par le Parlement portugais d'une motion inamicale au sujet de la dénommée Aminatou Haïdar», a indiqué, mardi, un communiqué du département marocain des Affaires étrangères et de la coopération. «Cet acte malencontreux et inopportun, quelles que soient les conditions de son initiation et des modalités de son adoption, a suscité interrogations et réprobation de la part de toutes les forces vives du Royaume, eu égard aux relations amicales et de respect mutuel qui ont toujours existé entre les deux pays voisins», a ajouté le texte, largement repris par la presse marocaine. Il ne faut surtout pas croire que le communiqué du ministre marocain des Affaires étrangères représente une «déclaration de guerre» comme ce fut le cas pour la conseillère de l'ambassade suédoise à Rabat, accusée par les autorités marocaines d'avoir transmis des documents officiels à des «éléments séparatistes liés à l'Algérie et au Front Polisario». Pour rappel, Taïeb Fassi Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération s'était empressé, suite à cette «affaire», de convoquer le 4 novembre 2009, l'ambassadeur de Suède à Rabat, Michel Odevald, pour exiger «le départ immédiat» d'Anna Block-Mazoyer accusée d'avoir commis «une erreur professionnelle inadmissible». Lisbonne n'est pas Stockholm ou bien Madrid! La gifle a fait mal et cela peut expliquer la réaction tardive de Rabat. Les élus portugais ont rendu public leur soutien à la militante des droits de l'homme sahraouie à la fin du mois de novembre dernier. Cette fois-ci, l'Algérie n'a pas été nommément désignée du doigt pour expliquer au peuple marocain la position du Parlement portugais en faveur de la cause sahraouie. Il sera de plus en plus difficile aux autorités marocaines d'expliquer le soutien de plus en plus ferme de l'ensemble de la communauté internationale aux militants sahraouis des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. La campagne de désinformation menée tambour battant, et sans avoir froid dans les yeux, par la diplomatie du Royaume alaouite, prend du plomb dans l'aile, s'essouffle et finit par être à court «d'arguments». Ce qui explique non seulement sa fuite en avant, mais aussi son manque notoire de punch. La diplomatie marocaine a été ébranlée par la motion de soutien votée par le Parlement portugais le 28 novembre 2009 en faveur d'Aminatou Haïdar. Présentée par le groupe communiste, elle a aussi condamné la violation des droits de l'homme ordonnée par le gouvernement marocain et a souligné la nécessité de la mise en oeuvre des décisions votées par le Conseil de sécurité dans le cadre de la tenue d'un référendum d'autodétermination afin que le peuple sahraoui puisse s'exprimer librement sur son destin. La diplomatie marocaine est dans ses petits souliers. «En tout état de cause, la teneur de cette motion, qui ignore les motivations réelles d'Aminatou Haïdar et de ses commanditaires, ne pourrait être que contre-productive», a tièdement réagi le ministère marocain des Affaires étrangères à la suite de la position adoptée par les élus portugais, faisant contre mauvaise fortune bon coeur. Le pouvoir marocain excelle dans la culture et la pratique du dos rond, il adopte le profil bas lorsqu'il sent que le vent a tourné en sa défaveur. Aujourd'hui, 10 décembre, la communauté internationale célèbrera le 61e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme autour du slogan: «Optez pour la diversité, mettez fin à la discrimination.» Rabat aura-t-elle le courage de prêter une oreille attentive à cet appel qui résonnera à travers toutes les capitales du monde en mettant fin au calvaire qu'endure, depuis plus de trois semaines, Aminatou Haïdar? Des voix s'élèvent quotidiennement pour condamner l'attitude du gouvernement marocain dans cette affaire. Mardi, la présidente de la coalition canarienne a sollicité le gouvernement espagnol pour inscrire le cas de la militante sahraouie des droits de l'homme, dont l'état de santé est de plus en plus préoccupant depuis qu'elle a entamé sa grève de la faim, à l'ordre du jour du Conseil européen qui doit se tenir jeudi et vendredi à Bruxelles. «Le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, doit mettre à profit cette réunion, à laquelle prendront part les dirigeants européens des 27 pays, pour exiger une position unanime de l'UE afin d'amener le Maroc à respecter la légalité internationale et permettre le retour d'Aminatou Haïdar à El Aâyoune auprès de sa famille», a souhaité Claudina Morales. La diplomatie marocaine est aux abois.