De sa fameuse fierté, l'Algérien n'en aura gardé qu'un vague souvenir. Peinant pour survivre chez lui, il ne représente qu'«un prototype» ailleurs. Habituellement très actifs sur le terrain, les islamistes, comme toute la classe politique, brillent par leur absence face aux déboires des citoyens. Pis encore, le mois de Ramadhan est à peine consacré à la ferveur, selon ces hommes politiques. «On ne va pas au paradis le ventre creux!», disait alors, le président Houari Boumediene. Pendant que le citoyen croule sous une masse de problèmes sociaux et autres difficultés en faisant face à une vie qui devient de plus en plus infernale, la classe politique n'a pas trouvé meilleure occasion pour se faire oublier, en attendant les prochaines échéances électorales où faire appel aux mêmes citoyens-électeurs devient nécessaire. La crise qui sévit, touchant de larges pans de la société en cette période de contraintes sociales accentuées par le mois de jeûne, la rentrée scolaire et l'approche de la fête de l'Aïd, a été vue différemment par les partis politiques islamistes. Ni pires, ni bien mauvaises, ces formations qui prêchent les fondements de l'Islam ressemblent en fait à toutes les autres. Elles sont mues par les mêmes instincts, recourent aux mêmes procédés et utilisent les mêmes stratagèmes. L'important c'est de parvenir à leurs objectifs, parfois en promettant monts et merveilles à leurs électeurs crédules. En quoi consiste l'avis des représentants de la mouvance islamiste à propos du récent dérapage verbal aux relents xénophobes du ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, ainsi que sur la situation qui prévaut en Algérie, notamment la détérioration du pouvoir d'achat et la paupérisation galopante? Deux volets qui meublent l'actualité de l'Algérien et le concernent à l'extérieur où il est désormais brimé et à l'intérieur où il n'arrive plus à vivre décemment. A ces deux questions, deux des formations politiques islamistes ont daigné répondre. Ainsi, pour cheikh Abdallah Djaballah «la France chrétienne est fidèle à elle-même, mais nous l'invitons à être rationnelle et respecter les principes et slogans de sa propre révolution qui sont basés sur la non-distinction des races, entre autres!» L'ex-chef de file des partis En Nahda et El Islah estime que la situation vécue par la population est schématisée par le nombre croissant de pauvres et de mendiants. Cela, explique-t-il, est dû à une série de facteurs dont l'absence de bonne gouvernance et de répartition des richesses, l'imposition de taxes, ainsi que le manque d'encouragement en matière d'investissements. Quant au président d'El Islah, Abdesselam, il réunira son bureau national après l'Aïd pour briguer le Sénat en comptant sur un jeu de coalition «avec n'importe quel parti» et les dommages sont collatéraux. «La faute est partagée entre le peuple qui refuse la réalité des choses et ne veut pas vivre l'actualité, et le pouvoir qui n'arrive pas à contenir la situation et ne la maîtrise même plus. La société est hors de son champ et cela est dû à la faiblesse de l'Etat». Pour le MSP, l'un des trois partis de l'Alliance présidentielle, «M.Hortefeux qui n'est pas à sa première bourde, doit s'intégrer à la politique de son pays et qu'il ait plus de considération pour la communauté immigrée, maghrébine ou autre, elle fait partie intégrante de la France». Cependant, ajoute M.Abderrahmane Saïdi, «les classes politique et intellectuelle doivent prendre des positions, à ce propos». Le même responsable au sein du parti de Soltani dénonce «la situation déplorable de désespoir dans laquelle est plongé le citoyen et appelle la classe politique à s'impliquer. L'Etat doit être présent. Critiquée à tort, la classe politique qu'on dit absente se trouve, au contraire, présente au sein du Parlement et autres institutions. Cela contrairement aux associations. On est donc la classe sociale du mouvement associatif». M.Saïdi déplore les dons et aides consenties par l'Etat à ces structures en parlant du mouvement associatif.