Les locales sont programmées pour préparer la présidentielle de 2004. Après une absence remarquée de quelques semaines, le cheikh Mahfoud Nahnah revient à la charge et fustige, à l'occasion d'une réunion-bilan de ses élus locaux, le pouvoir. Jamais le leader du MSP n'a été aussi déchaîné et aussi virulent envers le pouvoir et l'armée. Le président du Mouvement de la société pour la paix a, pour la première fois, réagi sur le procès Nezzar-Souaïdia, indiquant que si le général a agi sur ordre du pourvoir, celui-ci devra impérativement démissionner. Dans le cas contraire, le cheikh n'écarte pas l'existence d'une crise au sommet du pouvoir, puisque l'opération a été un cuisant échec pour l'armée et le pays. Intervenant sur la gestion des mairies durant ces cinq dernières années, Nahnah a indiqué que les APC n'ont pas de réel pouvoir et que leurs prérogatives sont limitées. Il a ajouté, dans le même sens, que devant l'absence d'un budget conséquent, il est devenu presque impossible de régler les problèmes sociaux locaux. Le leader du MSP a ensuite critiqué l'élaboration d'une nouvelle loi électorale, en prévision des élections locales, indiquant que cela va favoriser une nouvelle instabilité politique dans le pays. Il précise qu'il y a des calculs politiciens qui favorisent une nouvelle fraude électorale, encourage la corruption et donne une couverture pour les actions terroristes. Parlant des prochaines locales, Nahnah a indiqué que tout est fait pour une reprise en main efficiente des APC par le FLN et que cela ne sert à rien de faire un clonage de la fraude des législatives pour avoir au final un résultat proche des anciennes DEC. Il a ajouté à ce propos que si un parti issu de son courant fait un bon score, (allusion faite à El-Islah) il n'est pas exclu que l'administration verrouille les APC issues de ce parti. En revanche, si les partis proches du pouvoir réussissent un excellent score (ce qui n'est pas exclu) toutes les portes leur seront grandes ouvertes pour un avenir politique certain. Il précise surtout que leur victoire est programmée pour préparer le terrain à la prochaine présidentielle. Enfin, le cheikh a laissé entendre, qu'il ne soutient plus l'armée, à qui il reproche son manque d'initiatives fermes dans l'affaire Souaïdia, qui a été programmée à la veille du 40e anniversaire de l'Indépendance. Cette nouvelle attaque médiatique en règle de Nahnah, habitué à critiquer le pouvoir en termes moins crus, témoigne du fossé qui sépare le MSP du pouvoir et ce, malgré la présence de quatre ministres de son parti dans le gouvernement Benflis.