Mahfoud Nahnah qui avait soutenu le candidat du consensus en 1999, lui réitère son soutien. Cette déclaration exclusive faite hier au siège de L'Expression par Mahfoud Nahnah, leader du Mouvement pour la société et la paix, dans le cadre de notre rubrique «A coeur ouvert», intervient au lendemain de l'appel lancé dimanche à Oran par le Président Bouteflika. Cette réponse de Nahnah revêt, selon les observateurs, une importance capitale au moment où des partis et personnalités politiques appellent à une présidentielle anticipée. «Le Président a fait un appel pathétique au peuple, j'aurais aimé qu'il le fasse à l'adresse des partis politiques», a déclaré le cheikh apparemment très ému par la dernière intervention du Président. «J'apporte mon soutien total à toute action visant à construire les institutions de l'Etat, à commencer par le Président de la République, car c'est lui le premier magistrat du pays». Mahfoud Nahnah, qui avait soutenu le candidat du consensus en 1999, lui réitère son soutien. Mais cela dénote aussi une volonté du président du MSP de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle 2004 et, de ce fait, de ne pas se constituer comme un obstacle pour un nouveau mandat de Bouteflika. Pour argumenter ce choix, le leader du MSP estime qu'il appuie toute action politique visant à éviter une nouvelle phase de transition. Il est même disposé à rester aux côtés du Bouteflika contre toutes les tentatives de déstabilisation. Se prononçant sur la gestion du premier magistrat du pays, Nahnah souligne qu'en arrivant au pouvoir, Bouteflika avait trouvé un pays en crise et qu'il a réussi peu à peu à lui faire retrouver sa place dans le concert des nations. Le cheikh dénonce, par ailleurs, ces appels lancés ici et là pour pousser le Président au départ, indiquant que le pays n'a pas besoin d'une autre période de troubles et de doute. «Nous nous mettons aux côtés des institutions de l'Etat, contre toutes ces attaques, afin de bâtir un pays développé et moderne», ajoute le cheikh visiblement en colère contre les dernières attaques contre le pouvoir. Le leader islamiste regrette, par ailleurs, dans son bilan fait sur les cinq ans de législature que les députés aient échoué dans leur tentative de ramener le Président de la République sous le chapiteau de l'APN. «Nous soutenons le Président parce qu'il a toutes les prérogatives. Si demain il veut dissoudre l'Assemblée, par ce qu'il estime que cette chambre n'a pas tenu ses promesses envers le peuple, nous le soutiendrons. S'il appelle au vote, nous voterons. Nous acceptons les règles du jeu démocratique, mais à condition qu'on ne nous impose pas la défaite». Une allusion à peine voilée à la fraude électorale qui a spolié le mouvement de quelques sièges en 97. Interrogé sur son appartenance au pouvoir, Nahnah fidèle à son langage exubérant et débordant d'originalité, répond qu'il vaudrait mieux rester aux côtés d'un pouvoir local avec toutes ses insuffisances que suivre un pays étranger avec tous ses avantages. Un clin d'oeil aux partis qui sont soutenus par des rassemblements étrangers et qui bénéficiaient du soutien politique et stratégiques outre-mer. Il est clair que cette sortie médiatique en règle du cheikh Mahfoud Nahnah, ne s'inscrit pas dans un but électoraliste, mais repose davantage sur une volonté de se placer en avant-garde des partis qui soutiennent le Président et qui se refusent toute période de transition.