Cinq ans au pouvoir central et local ont montré les limites de «la ligne Nahnah». Le président du MSP, cheikh Mahfoud Nahnah, a l'intention de ne plus se présenter à sa propre succession à la tête de son parti lors du prochain congrès du MSP, prévu dans le courant de l'année 2003, ont affirmé à L'Expression des sources proches de cette formation politique. Les mêmes sources révèlent que Nahnah a, lors d'une réunion de son bureau politique, émis le voeu de laisser un autre responsable de représenter le parti à la prochaine élection présidentielle. En d'autres termes, le leader du MSP ne se portera pas candidat à la magistrature suprême qui aura lieu en 2004. Les raisons qui ont poussé Nahnah à se retirer de la vie politique seraient en rapport avec son état de santé qui ne lui permet plus d'assumer normalement d'importantes responsabilités au sein du parti. Cette personnalité devenue incontournable dans le champ politique national a signé son entrée dans l'opposition en 1973, au sein de la confrérie des Frères musulmans. Activant en clandestinité dans un groupe dénommé «El Mouwahidoune», il avait engagé, aux alentours de 1976, des opérations de sabotage de certaines installations électriques dans la région de Blida. Ce fut la première opposition islamiste organisée que le régime de Boumediene venait de connaître. Arrêté et condamné, Nahnah est gracié sous le règne de Chadli. Avec l'avènement du pluralisme politique à la faveur de la Constitution de 1989, Mahfoud Nahnah apparaît comme le représentant de la tendance des Frères musulmans de laquelle est née l'association caritative «El Irchad Oua El Islah». Quelques mois plus tard, de cette dernière Nahnah «sort»un parti politique appelé «Hamas». L'interdiction du FIS en 1992, a permis au cheikh d'acquérir une popularité, le hissant jusqu'au rang de «candidat de la mouvance islamiste» à l'élection présidentielle de 1995 où il a été classé deuxième après Zeroual. Soucieux de sauvegarder les bonnes relations acquises avec le pouvoir, à travers notamment la signature de «la plate-forme de l'entente nationale» en 1994, sa participation aux élections législatives de 1997 a propulsé sa formation au rang de force politique majeure. Cependant, une expérience de cinq années au pouvoir tant central que local a, néanmoins, constitué le début d'une descente vers l'inconnu et montré les limites de «la ligne Nahnah» qui n'a pas su convaincre au sein du parti et dans l'électorat. D'ailleurs le score obtenu lors des dernières élections de juin et d'octobre 2002 est on ne peut plus clair quant à «une perte de popularité manifeste». Un état de fait qui n'est pas sans conséquence sur la stabilité du parti où l'on enregistre quelques fissures dues notamment à la montée au créneau d'un courant opposé à la démarche de Nahnah, dont les chefs de file se trouvent être Abderezak Mokri et Aboudjerra Soltani. Ces derniers reprochent à la démarche du président du MSP son éloignement de la ligne originelle du parti qui se veut plus proche des thèses islamisantes. Ces deux responsables ont, dit-on, le vent en poupe au sein du conseil consultatif et du groupe parlementaire du MSP. Une sorte d'opposition tranquille qui aurait convaincu Nahnah de sa fin de règne à la tête de sa formation, ce qui motiverait une sortie honorable de la scène, tout en sauvegardant le capital sympathie et la cohésion du parti.