«Nous travaillons dans un environnement si dur que nous nous enfonçons dans les problèmes de survie quotidienne», a déclaré Lakhdar Boukhers. A croire les statistiques d'une enquête de l'IEA (Institut d'études algériennes), société d'études média & marketing indépendante et les propos avancés par le comédien Hadj Lakhdar au coeur d'une qaâda initiée par l'espace culturel les Mille et Une News, dimanche dernier, à la librairie Socrate, les tendances relevées indiquent une hausse de la consommation télévisuelle durant cette période et ce, particulièrement sur la chaîne terrestre. Mais une fois qu'on lève nos têtes, on remarque un panorama de paraboles, installées sur les terrasses, ou accrochés aux murs, au point où les autorités ont pris la décision d'y mettre fin. Cela nous donne à réfléchir! Durant cette qaâda, Hadj Lakhdar en présence de son «fils», Hichem Mesbah, nous parle de ses nombreux succès ainsi que des obstacles que doivent surmonter les acteurs, comediens et les producteurs algériens. Il nous explique également quelles seront ses priorités et ses objectifs, notamment la nécessité d'une plus grande coopération pour développer les horizons culturels en Algérie. «Notre monde d'idées et des arts de l'imagination possède une énorme énergie et beaucoup de passion. Nos artistes s'inspirent d'un environnement culturellement et spirituellement stimulant. Transformer ces ressources en force culturelle et économique est l'un de nos objectifs», a déclaré Boukhers. L'expression culturelle ne peut être dissociée de la construction d'une société démocratique qui, à son tour, déclenche de nombreux élans positifs. «Les "politiques" ne reconnaissent pas encore, contrairement à nous praticiens, la valeur des arts comme catalyseur de croissance économique et de progrès social.» Aussi, les arts ont été marginalisés et souffrent d'un manque d'infrastructures. D'ailleurs, à titre d'exemple, ce lieu, qui devient célèbre sera sûrement un centre de concertation dynamique, avec une touche algérienne, tandis que la librairie Socrate reste au centre de l'initiative. Hichem Mesbah, pour sa part, ne n'hésitera pas à dire que «c'est là le véritable obstacle auquel se heurtent les créateurs. Ce qu'il faudrait, c'est que le secteur de la culture élabore de nombreux mécanismes de soutien pour transformer les concepts et les talents artistiques. Cela repose sur des éléments importants: la formation professionnelle, l'accès aux technologies (équipement, matériel), le marketing (événements, marchés, public) et l'information. Du fait de notre position, nous pouvons traiter des problèmes quotidiens, comme la pauvreté et l'isolement des artistes, le manque de revenus générés par le public, les attaques contre la liberté d'expression...Nous avons alors ressenti le besoin de rationaliser ces différentes branches d'activité, pour servir de parapluie à tout cela». Le problème principal a été de survivre au sein d'une politique qui régresse de plus en plus ces derniers temps. Au point de voir les comédiens et producteurs chercher leur confirmation sous d'autres cieux. A cet effet, l'invité d'honneur déclare avec regrets: «Des professionnels ont quitté le pays. Nous manquons de compétences et de ressources dans des secteurs-clés. Nous manquons d'équipement du son, d'éclairage, d'ordinateurs, d'équipements de bureau, d'argent chaque mois pour payer les salaires. Nous travaillons dans un environnement si dur que nous nous enfonçons dans les problèmes de survie quotidienne». Avouant la faiblesse de notre production télévisuelle et cinématographique, de comédiens, de scénarios...Lakhdar Boukhers conclut: «Nous contribuons à notre façon au développement de la société et de la liberté d'expression. Malgré tous ces obstacles, nous persévérons et nous produisons encore des séries et des spectacles chaque année. Nous avons de nombreux succès artistiques à notre crédit, et nous avons soutenu de nouvelles formes artistiques comme les spectacles relevant de la comédie qui trouvent de nouveaux publics. Nous nous sommes efforcés de renforcer la diversité culturelle, en promouvant l'acceptation et l'appréciation de tous les styles et de tous les environnements. Nous avons fourni une tribune où l'Algérien se reconnaît.»