Lakhdar Boukhers alias Hadj Lakhdar a été l'invité, il y a quelques jours, de l'espace les Mille et une News, au siège de la librairie Algérie News. La rencontre devait être chaleureuse et conviviale, mais le ton est monté car l'assistance a attaqué Lakhdar Boukhers et a qualifié sa série, Souk El Hadj Lakhdar, qui passe quotidiennement juste après le f'tour, de navet. Après Agence Ramadhan, Imarat Hadj Lakhdar (1 et 2), le vieux “blédard” un peu bébête, misogyne, aux nerfs à fleur de peau, aux répliques pas très inspirées et qui caricature et même stigmatise certains comportements, revient avec Souk El-Hadj Lakhdar : une série moralisante qui prétend donner des leçons aux gens, car Lakhdar Boukhers l'a déclaré lors de cette rencontre : “J'ai une mission et un message à transmettre, car mon but n'est pas de faire rire, mais de traiter des sujets avec un objectif pédagogique.” Mais les leçons données et le scénario raté ne suscitent qu'une seule envie : le zapping, de peur qu'on s'étouffe où qu'on avale de travers, tant les réactions sont puériles, les plans statiques, les acteurs mal dirigés ; d'ailleurs, ceux-ci n'excellent que dans un seul créneau : les bagarres et les disputes. Les personnages de Souk El-Hadj Lakhdar sont tous des enfants qui n'ont pas grandi. Ils sont incultes, niais et naïfs, et se font tous avoir. Heureusement qu'El-Hadj Lakhdar existe ; et tel un super héros, il réveille les consciences et donne des leçons de morale à tout le monde. Il ne fait que crier, râler ; il représente le bien et part à chaque épisode en croisade contre le mal. Les improvisations des comédiens et même celles de Lakhdar Boukhers ne sont pas au top, car on sent et on voit l'hésitation. Hicham Mesbah et Mourad Chaâbane, qui sont pourtant deux valeurs sûres de la comédie, sont quasi inexistants dans la série ; on dirait même qu'ils n'ont pas de repères et qu'ils n'ont pas encore réussi à trouver une place et à se démarquer. Tout est mis en œuvre pour mettre en valeur le personnage de Hadj Lakhdar, un personnage presque parfait. Lors de la rencontre, El-Hadj Lakhdar a estimé que l'humour était à l'intérieur du pays et qu'il voulait transmettre son message aux 48 wilayas et ne pas se focaliser sur Alger. Il a également révélé que son modèle dans la comédie était Hassan El-Hassani alias Boubegra. Après la réaction révolutionnaire de message, de messager et de mission : des mots lourds de sens, El-Hadj Lakhdar se rétracte quelque peu et déclare : “Je n'ai pas fait un film qui va passer dans les festivals ou autres, c'est juste un sketch qui passe durant le mois de Ramadhan.” Donc, après Ramadhan, on efface et on oublie tout ! Pourtant, Imarat El-Hadj Lakhdar avait plus ou moins conquis le public, et son film Lakhdar et la Bureaucratie était fort intéressant. Où est donc le malaise ? Peut-être cela est-il dû au fait que la série a été tournée en seulement un mois et demi et que la Télévision algérienne n'a pas encore payé le producteur, Lakhdar Boukhers lui-même ? Peut-être au fait que les aventures de Hadj Lakhdar traitent toujours des mêmes thèmes et des mêmes sujets ? Peut-être faudrait-il investir les établissements scolaires et proposer des sketches pédagogiques ? En tout cas, il l'a promis, les prochaines aventures de Hadj Lakhdar se dérouleront dans un asile psychiatrique.