Que ce soit dans le secteur des routes ou du bâtiment, les sociétés étrangères s'arrogent d'importants projets. Les entreprises locales se font concurrencer avec une facilité déconcertante et seules certaines d'entre elles continuent à tirer leur épingle du jeu. Qu'elles soient publiques ou privées, il y a toujours quelques-unes qui sont en charge de réalisations importantes. L'Etrhb, Cosider et l'Entreprise nationale de réalisation des grands ouvrages d'art (Engoa) sont des exceptions. Pour le reste, il faut faire appel aux étrangers qu'ils viennent d'Europe, d'Amérique ou d'Asie. Quelquefois, ces sociétés bénéficient même de traitement plus avantageux que celui accordé aux sociétés locales. C'est le cas lorsqu'elles sont mieux rémunérées dans le domaine des travaux publics pour chaque mètre cube de béton réalisé. Interrogé à ce sujet, le président du Collège national des experts architectes a affirmé qu'il est plus judicieux de s'interroger sur les capacités des entreprises locales. Selon lui, peu d'entre elles sont capables de répondre aux critères de qualité qui puissent leur permettre de prétendre à des projets importants. Elles ne disposent pas d'assez de matériel ni de personnel adéquat et encore moins de capacités financières aptes à soutenir le rythme des réalisations. Il y a aussi un manque flagrant de vision à moyen et long termes et les sociétés se retrouvent en proie à des pénuries chroniques, faute de prospective. Ces carences ne sont pas seulement visibles dans le secteur du bâtiment. Les associations patronales et les analystes sont unanimes à souligner que même l'industrie a connu un net recul en quelques années. Il est alors logique de remplacer le manque d'offres des produits et des services par des importations. Les acteurs économiques avancent un taux de moins de 1% de participation de l'industrie au produit intérieur brut. Il est aussi constaté, parmi les raisons de la faiblesse des entreprises locales, la vétusté de l'outil de production. Les sociétés étrangères disposent, quant à elles, des évolutions technologiques récentes. Ces faiblesse laissent la porte ouverte à l'installation de la concurrence étrangère qui a pu accaparer des marchés importants pour répondre aux besoins de réalisation. L'appétit des étrangers ne sera que plus grand avec l'annonce d'un plan d'équipement de plus de 150 milliards de dollars. Dans ce contexte de concurrence effrénée, les sociétés locales peinent à sortir de l'ombre, ce qui les rend inéligibles à l'obtention de marchés publics. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, a même admis que 40% de l'économie nationale sont le fait du secteur informel. Les autres entités ont subi la dissolution, notamment celles du secteur public alors que la fermeture a été le sort de quelques unités du secteur privé. Les tergiversations du gouvernement sont aussi apparues dans le cadre de la politique de mise à niveau des entreprises, ce qui a retardé leurs chances d'accéder à plus de performance. L'Algérie est dans un contexte favorable pour privilégier ces sociétés. Dans cette conjoncture de crise économique et financière mondiale, les entreprises étrangères disposent de moins en moins de liquidités à mettre dans des projets dans des pays du Sud. Le relais pourrait être pris par les locaux. Mais dans certains cas, il y a des sociétés algériennes qui sont exclues des offres du marché pour des problèmes de normes. Il n'empêche que la législation est en train de se durcir, ce qui pourrait avoir pour conséquence l'hésitation des patrons d'entreprises étrangères à s'installer dans le pays. Même avant les prémices de cette crise, une tentative de redresser les sociétés a été menée en février 2007 par le biais de la «stratégie industrielle». Mais là aussi, les déclarations d'intention l'ont emporté sur toutes les autres considérations. Les patrons ne sont pas restés sans avis sur la présence des entreprises étrangères. Ils ont mis à profit cette situation afin de continuer à demander un assainissement de l'environnement de l'entreprise en estimant que cette tâche revient à l'Etat. Dans l'intervalle, le plan de charge de la maison Algérie continuera à profiter aux étrangers. A titre d'exemple, le marché des produits industriels représente un potentiel de 5 milliards de dollars et il attend toujours d'être satisfait. Qu'il s'agisse de la pièce détachée, des machines-outils, ou des semi-produits, le «made in bladi» ne représente qu'une infime partie. Hier, le Forum des chefs d'entreprise a essayé de définir la place de l'entreprise locale dans l'économie à la veille du lancement du plan quinquennal.