Le parlementaire (député et sénateur) a-t-il les coudées franches pour interpeller et contrôler efficacement l'Exécutif ? Posée à trois parlementaires lors de l'émission radiophonique « En direct du Parlement », que diffuse tous les jeudis à 13h la Chaîne III de la radio nationale, la question ne semble pas faire l'unanimité chez les élus du peuple. Abderrahmane Belayat, membre du Conseil de la nation, issu du tiers présidentiel, estime que les prérogatives dont est investi le parlementaire sont « inégalables ». Par rapport à qui ? L'ancien ministre de Chadli Bendjedid évite de faire le parallèle avec d'autres systèmes parlementaires de par le monde. Il reste que les questions orales (et écrites) qu'adressent les députés et sénateurs aux membres du gouvernement sont, selon lui, un instrument « inégalé » pour attirer l'attention de l'Exécutif sur les problèmes vécus par la population. Ainsi, aux yeux du sénateur, la nature de la relation du pouvoir législatif avec le pouvoir exécutif concoure inéluctablement à une meilleure prise en charge des doléances du peuple. Si le même avis est émis par M. Khodja, sénateur RND, Mme Chérifa Aït Benamar, députée indépendante de Tizi Ouzou, exprime, quant à elle, une autre opinion. Selon elle, le député est souvent « bloqué » dans sa mission, notamment par l'administration locale. « L'élu du peuple a du mal à accéder aux dossiers », dit-elle, ajoutant que cet état de fait ne va pas dans le sens de la mission dont le député a été investie par ses électeurs. Même dans l'hémicycle, le travail du député reste peu « efficace », relève la députée. Et d'ajouter que le système des questions écrites et orales ne donnent pas toujours l'effet escompté, en ce sens qu'une question sur une affaire donnée peut mettre parfois des années pour susciter une réponse. Que faire ? « Pourquoi ne pas amender le règlement intérieur de l'APN ou carrément la Constitution, cela permettra à l'élu du peuple d'avoir moins de contraintes pour interpeller l'Exécutif, de s'auto-saisir pour mener des enquêtes sur les deniers de l'Etat, de suivre de près les activités de la Cour des comptes ou de la commission consultative des droits de l'homme », propose l'élue indépendante. Et de se demander si le système politique actuel, qui fait que le pouvoir est détenu « totalement » par le président de la République, est-il en adéquation avec une véritable vie parlementaire ? Plaidant implicitement pour une démocratie parlementaire, la députée de Tizi Ouzou rappelle, en effet, que la Constitution en vigueur donne la latitude au président de la République à dissoudre à tout moment le Parlement.