Lors de ce second procès d'assises, la défense devrait à nouveau plaider la thèse d'une «manipulation» orchestrée par les services de renseignements algériens. Nouvelle crise politique entre l'Algérie et la France? Ou simple hallucination d'un avocat à court d'argument? Le débat est relancé pour la énième fois à la faveur de l'ouverture du procès en appel de Rachid Ramda, condamné à la prison à vie en 2007 pour son implication dans des attentats en 1995 à Paris, dont celui de la station de métro Saint-Michel (8 morts, 150 blessés). Le condamné qui clame son innocence depuis quatorze ans sera donc rejugé. Lors de ce second procès d'assises, la défense devrait à nouveau plaider la thèse d'une «manipulation» orchestrée par les services de renseignement algériens de l'époque, qui auraient délibérément mis les enquêteurs français sur de «fausses pistes» pour discréditer, voire éliminer certains opposants après l'interdiction du Front islamique du salut (FIS) en 1992. La défense compte demander le témoignage à l'audience de Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur de l'époque, qui aurait été informé de ces pratiques du gouvernement algérien. Pour cette nouvelle «affaire» Ramda, on rappelle que ce dernier a toujours nié avoir financé ces attentats pour le compte du Groupe islamique armé (GIA) algérien. Il a fait appel du verdict qui l'avait condamné, le 26 octobre 2007, après quatre semaines de procès, à la prison à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions de l'avocat général qui avait demandé la peine maximale. Il avait été reconnu coupable de complicité d'assassinat et de tentatives d'assassinats dans l'attentat meurtrier de la station Saint-Michel, et deux autres perpétrés en octobre de la même année aux stations Maison-Blanche et Musée d'Orsay, qui avaient fait des dizaines de blessés. Rachid Ramda avait été en 2002 le grand absent du procès criminel qui s'était soldé par la condamnation à la prison à vie de Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, reconnus comme les deux auteurs principaux des attentats. Arrêté le 4 novembre 1995 à Londres, où il travaillait au journal Al-Ansar, considéré comme un bulletin de propagande du GIA, il n'avait été extradé de Grande-Bretagne que dix ans plus tard, au terme d'une longue bataille de procédure. Parmi les éléments retenus par l'accusation, une empreinte digitale lui appartenant a été identifiée sur un bordereau de transfert d'argent à un des poseurs de bombes, à la veille d'un des attentats en octobre 1995. Encore une fois, les institutions algériennes sont mêlées dans un débat autour d'un dossier sécuritaire qui concerne les Français. Cette sortie nous rappelle étrangement, la polémique autour de l'assassinat des sept moines de Tibhirine, après la publication d'un témoignage du général Buchwalter qui aurait «confié», le 25 juin dernier, au juge d'instruction Marc Trévidic que l'assassinat des sept moines était une «bavure» commise par l'armée algérienne. La France officielle, par la voix de son président, a affiché une certaine intransigeance. Nicolas Sarkozy avait déclaré à l'époque, rappelons-le, qu'il fera tout pour dévoiler la vérité, avant de se rétracter en estimant qu'il n'existe pas de secret-défense dans ce dossier, accusant même, en des termes à peine voilés, que cette campagne vise à saboter les relations, franco-algériennes. En effet, les milieux médiatico politiques français connus pour leurs tentatives répétées de faire barrage au rapprochement des liens entres les deux pays ont profité de l'occasion pour mener une campagne contre les institutions algériennes, à leur tête l'Armée algérienne. Mais ces tentatives ont échoué puisque le débat est resté «franco- français». Cela pour dire qu'il y a bien des intentions cachées derrière cette affaire qui ne manquera pas de refroidir davantage les relations politiques entre Alger et Paris car pour les relations économiques, elles s'en sortent indemnes jusque-là des élucubrations des lobbys anti-algériens agissant en France.