Le temps «ne joue pas en faveur» des Occidentaux en Afghanistan, a reconnu hier le général britannique Nick Carter, qui prendra dans six semaines le commandement des forces de l'Otan (Isaf) dans le sud de ce pays. L'envoi de troupes américaines supplémentaires décidé au printemps offre l'opportunité de «faire une différence» dans l'année à venir, même si le temps est un «luxe», a estimé le général Carter, qui sera placé à la tête de 45.000 soldats dans le sud afghan. «Le temps est un luxe que nous n'avons pas, mais il y a 18 mois, il y avait probablement 1500 soldats américains dans le sud. Maintenant, ils sont 25 000. Et il y a aussi beaucoup d'autres ressources qui arrivent dans le sud», a-t-il remarqué dans un entretien avec la BBC radio four. «Avec un tel effort, je pense que nous avons une opportunité, au cours de l'année à venir, de faire une différence», a-t-il ajouté. «Mais je reconnais absolument que le temps ne joue pas en notre faveur, et que nous devons faire apparaître des tendances positives aussi vite que possible.» Une fois achevé en fin d'année le déploiement des renforts américains annoncés au printemps, 68.000 GI's seront présents en Afghanistan. Les Etats-Unis étudient l'hypothèse de renforts supplémentaires, mais ont prévenu jeudi qu'aucune décision sur ce sujet ne serait prise dans l'immédiat. Le général David Petraeus, commandant militaire américain pour l'Irak et l'Afghanistan s'est, de son côté, dit convaincu jeudi que la mission afghane pouvait être menée à bien avec un «engagement soutenu». «Les défis en Afghanistan sont importants. Mais les enjeux sont aussi élevés. Et si la situation est sans aucun doute grave, mener à bien cette mission est encore faisable», a-t-il déclaré devant le centre de réflexion Policy Exchange à Londres. Mais l'Occident doit être conscient «que la campagne requiert un engagement soutenu», a-t-il averti, en prévenant que les taliban avaient «étendu leur force et influence». Le chef d'état-major de l'armée de Terre britannique, le général David Richards a, quant à lui, jugé dans un discours jeudi à Londres, qu'une défaite de l'Otan aurait un effet «enivrant» sur les extrémistes du monde entier. Par ailleurs, sur le terrain, les taliban continuent à mener des actions contre les forces internationales en Afghanistan. Ainsi, six soldats italiens et 10 civils afghans ont été tués jeudi à Kaboul dans un attentat contre les troupes de l'Otan, nouveau coup porté aux efforts de stabilisation de la communauté internationale au moment où l'Afghanistan s'enfonce dans la crise politique née des soupçons de fraudes massives à la présidentielle. En milieu de matinée de jeudi, un kamikaze a précipité sa voiture piégée contre un véhicule blindé léger italien, sur l'une des artères les plus fréquentées de la capitale afghane. Les taliban ont aussitôt revendiqué cet attentat, parmi les plus meurtriers visant les forces internationales en huit années de guerre.