Les populations de certaines régions ne veulent pas entendre parler d'une appartenance autre qu'à celle de la wilaya mère. Passé le mois sacré, un mois de dépenses, les Algériens entament la rentrée sociale sur un fond de colère. Le nouveau week-end, qui ne trouve pas une application commune, des blouses pour les bambins, qu'on ne trouve pas sur le marché, sont entre au-tres les sujets qui dominent les discussions entre citoyens sur fond d'une incompréhension inquiétante. Mais le découpage administratif annoncé par les pouvoirs publics, il y a plusieurs mois, reste le plus appréhendé. La nouvelle carte administrative n'est pas du goût de certaines régions. Pour ne citer que l'exemple de la wilaya de Béjaïa. Avant même d'être officiel, le nouveau découpage administratif retenu pour la wilaya de Béjaïa fait des mécontents. En plus de la wilaya mère, Béjaïa sera dotée de deux nouvelles entités administratives qui auront un statut de wilaya déléguée. Telles que définies, notamment en matière de chefs-lieux, elles soulèvent déjà la contestation même si cela reste seulement au niveau des commentaires des habitants. Les populations de certaines régions, qui sont concernées ne veulent pas entendre parler d'une appartenance autre qu'à celle de la wilaya mère. Ce mécontentement est à déceler notamment dans la régions de Souk El Tenine à l'est et Sidi Aïch dans la vallée de la Soummam. Prévues pour être rattachées respectivement aux nouvelles wilayas déléguées, Kherrata et Akbou, les habitants de ses localités refusent d'admettre une affiliation qu'ils jugent inadéquate. A Souk El Tenine, la réplique est la même: «Il n'est pas question de quitter Béjaïa pour appartenir à Kherrata», résume ce citoyen relevant au passage tous les inconvénients de ce transfert. Même topo à Sidi Aïch où globalement, les citoyens ne veulent pas d'un rattachement à la wilaya déléguée d'Akbou. Ainsi, les communes d'Akfadou et Tifra, dont le rattachement administratif est prévu vers la wilaya déléguée, qui aura pour chef-lieu la ville d'Azazga, leurs habitants s'indignent affichant une incompréhension totale du fait de l'absence d'infrastructure routière à même de faciliter les déplacements vers le chef-lieu de wilaya. Avant même qu'il soit officiel, le nouveau découpage administratif n'agrée pas beaucoup de monde. Telle que présentée de manière d'ailleurs officieuse, la future carte administrative du pays risque de connaître le même sort que le nouveau week-end. En d'autres termes, chacun essayera de l'appliquer à sa convenance. Le mécontentement qui se dessine en Kabylie, ne sera, sans doute pas, unique en son genre. N'étant pas suffisamment concertée, la nouvelle carte risque fort de subir un revers dans d'autres régions du pays. Alors que l'actuel découpage a montré ses limites depuis bien longtemps, le nouveau est appelé à connaître le même sort parce que fait sur la base des mêmes considérations qui ne tiennent pas compte des aspirations citoyennes. La nouvelle carte administrative a été annoncée par Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales lors d'une cérémonie d'installation de nouveaux walis en 2008. Il expliquait alors que «le concept est de créer des circonscriptions administratives qui auront vocation à se hisser au rang de wilayas». Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lui succèdera précisant davantage l'idée selon laquelle ce découpage vise à promouvoir le statut d'un grand nombre de daïras à celui des wilayas déléguées en attendant de les décréter comme de nouvelles wilayas. Si la volonté du gouvernement était d'éviter ce qui s'est passé lors des deux précédents découpages administratifs, à savoir de 1974 et de 1984 induisant une longue période de vingt-cinq ans pour accomplir l'encadrement administratif en entier, la présente carte ne semble pas tenir compte de la volonté des populations concernées. C'est du moins l'impression qui se dégage des premiers commentaires faits autour de la nouvelle carte administrative. L'actuel découpage administratif compte 48 wilayas. Une sorte de préfectures, dotées chacune d'une assemblée élue, l'APW (Assemblée populaire de wilaya), qui sont divisées en daïras, lesquelles sont divisées à leur tour, en communes (1541). Ce découpage administratif remonte à l'année 1984. Avant, le pays était devisé en 31 départements. De 1958 à l'Indépendance le pays en comptait treize (13). Pendant la guerre de Libération, le pays était organisé en 6 wilayas. La future carte administrative devra se traduire par la création de 95 nouvelles wilayas déléguées à l'horizon 2010.