La Campagne du millénaire estime à 33 milliards de dollars le manque à gagner sur l'aide promise aux pays pauvres jusqu'à la fin 2010. En dépit de l'élargissement à 20 membres du club des pays qui comptent, les pays pauvres n'ont pas gagné grand-chose au sommet du G20 de Pittsburgh, ont regretté des défenseurs des intérêts des pays pauvres. «Ce n'est pas un bon début pour» pour ce G20 intronisé «principal forum de coopération économique», a souligné la Campagne du millénaire de l'ONU. «Les dirigeants du G20 se sont concentrés sur des sujets comme les bonus et la rémunération, et non sur les besoins de 1,4 milliard de gens qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour dont la vie même est menacée par la crise économique», a déclaré Salil Shetty, directeur de la Campagne du millénaire. «On ne voit nulle part dans le projet de communiqué la moindre mention des 50 milliards de dollars que ces dirigeants avaient promis aux pays pauvres (lors de leur précédent sommet) en avril - dont moins de la moitié a été effectivement déboursée», a-t-il regretté. La Campagne du millénaire estime à 33 milliards de dollars le manque à gagner sur l'aide promise aux pays pauvres jusqu'à la fin 2010. Dans leur communiqué final, les dirigeants du G20 se sont contentés de souligner le sort de «plus de quatre milliards de personnes, (qui) sont toujours insuffisamment instruites, mal dotées en capitaux et en technologies et insuffisamment intégrées dans l'économie mondiale». En guise de solution «afin que la productivité et les niveaux de vie des pays en développement et émergents se rapprochent plus vite de ceux des pays industrialisés», le G20 a mobilisé la Banque mondiale, pour qu'elle «mette en place un nouveau fonds fiduciaire (trust fund) à l'appui de la nouvelle initiative sur la sécurité alimentaire au profit des pays à faible revenu». Ils ont aussi évoqué l'augmentation, mais «sur une base volontaire» des aides à l'accès à une «énergie propre». L'urgence de faire aboutir les négociations du cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce avait été évoquée mardi matin par plusieurs pays émergents, parmi lesquels la Chine et l'Inde, qui font partie du G20. Les mener à bien renforcerait la confiance dans le système commercial mondial, «empêcherait la montée du protectionnisme et fournirait un coup de pouce très nécessaire pour l'économie mondiale», faisaient-ils valoir dans un communiqué. Mais à ce sujet, les dirigeants du G20 se sont contenté de répéter l'engagement pris au début du mois au niveau des négociateurs, visant à conclure l'an prochain le cycle de Doha sur la libéralisation des échanges entamé en 2001. Les déclarations sur la réforme des quotes-parts du FMI, destinée à donner plus de poids aux pays émergents, ont également été jugées insuffisantes. «Ce n'est pas une réforme du FMI, c'est juste du bidouillage à la marge. Tant que le FMI ne changera pas ses règles pour donner aux pays pauvres un vrai droit de parole dans sa gestion, il restera un club des pays riches», a souligné Mark Lawson, haut conseiller de l'organisation caritative Oxfam. «Réformer le processus de décisions du Fonds monétaire international était une nécessité depuis longtemps, mais la surveillance proposée ici doit amener les pays pauvres à la table si le FMI doit vraiment être une institution représentative», a aussi souligné Tom Hart, un responsable de One, l'organisation co-fondée par le chanteur de U2 Bono. Quant à la prééminence désormais accordée au G20, plutôt qu'au Groupe des Huit pays les plus industrialisés, Oxfam et One s'inquiètent que cela ne se traduise pas par l'entrée dans ce club de représentants des pays pauvres. L'Afrique, le continent le plus pauvre, ne compte qu'un seul représentant au G20, l'Afrique du Sud. «Cela veut dire que quand le G20 parle croissance et stabilité, il laisse les pays les plus pauvres dans le froid», selon Oxfam.