Ban a appelé l'Iran à coopérer avec l'Aiea pour lever «toutes les inquiétudes sur son programme nucléaire». Les Occidentaux, confortés par de retentissantes révélations, ont sommé l'Iran de faire toute la lumière sur ses activités nucléaires lors de la réunion de Genève le 1er octobre, faute de quoi il ne pourra plus échapper à de nouvelles sanctions. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont encore augmenté l'enjeu de cette rencontre en révélant vendredi que la République islamique construisait depuis des années en secret une usine d'enrichissement d'uranium, technologie produisant le combustible pour les centrales civiles mais pouvant aussi fournir la matière à l'arme nucléaire. Non seulement cette usine aurait dû être déclarée dès sa construction aux organismes internationaux, mais ses caractéristiques ne sont pas cohérentes avec une finalité civile, ont dit Américains, Britanniques et Français. Pour sa part, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a affirmé hier à la radio publique que «les révélations sur ce second site d'enrichissement nucléaire en Iran prouvent sans le moindre doute que ce pays veut s'équiper de l'arme atomique, et nous espérons qu'une réponse sans équivoque sera donnée le 1er octobre». Ce site est «parfaitement légal», a répliqué le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à New York devant l'Assemblée générale de l'ONU. Tard vendredi soir, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a rencontré le président Ahmadinejad et a exprimé sa «grande inquiétude» après ces nouvelles révélations. M.Ban a appelé l'Iran à coopérer avec l'Aiea pour lever «toutes les inquiétudes sur son programme nucléaire». Les Occidentaux veulent que les Iraniens accordent aux inspecteurs de l'Aiea l'accès au site suspect, qui se trouverait près de la ville religieuse de Qom, au sud de Téhéran, dissimulé dans un camp militaire. «Nous attendons de l'Aiea qu'elle enquête immédiatement sur ces informations inquiétantes», a déclaré le président Barack Obama. Rompant avec les obligations économiques du Sommet du G20 à Pittsburgh (est des Etats-Unis) pour apparaître avec le Français Nicolas Sarkozy et le Britannique Gordon Brown, M.Obama a qualifié l'usine de «défi direct» lancé aux règles mondiales contre la prolifération. «Si d'ici décembre, il n'y a pas de changement profond de la politique iranienne, des sanctions devront être prises, il en va de la paix et de la stabilité», a prévenu M.Sarkozy. Lors d'une apparition ultérieure seul devant la presse, M.Obama a répété la position de principe des Etats-Unis en refusant d'écarter un recours à la force militaire contre l'Iran. Mais «je veux à nouveau insister sur le fait que ma préférence va à une solution diplomatique», a-t-il prévenu. Pour le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, une éventuelle offensive militaire contre l'Iran ne ferait que faire «gagner du temps» aux Etats-Unis et à leurs alliés en retardant le programme nucléaire de Téhéran «d'un à trois ans». Pour les Occidentaux, la révélation de l'existence de cette usine sert considérablement leur cause diplomatique à l'approche du 1er octobre, quand leurs représentants, avec ceux de l'Allemagne, de la Chine et de la Russie rencontreraient ceux de l'Iran. M.Obama a entendu mercredi avec satisfaction le président russe Dmitri Medvedev se dire ouvert à la possibilité de sanctions. La Chine a prudemment «pris note» de la nouvelle donne. Les Iraniens ont toujours nié chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert de programme civil. Selon eux, le site de Qom n'est pas secret puisqu'ils viennent de le déclarer à l'AIEA. S'ils l'ont fait, c'est parce qu'ils savaient que nous savions, répondent les Occidentaux.