Les établissements scolaires qui fonctionnent en double vacation sont autorisés à ouvrir leurs portes durant la journée du samedi, jour de repos hebdomadaire. La décision a été prise par le ministre de l'Education nationale en réponse aux difficultés rencontrées, notamment par les établissement disposant d'un nombre inférieur de salles par rapport au nombre de divisions. Cette dernière trouvaille a surpris plus d'un à commencer par le personnel des établissements concernés. Tous les enseignants que nous avons approchés hier ont fait part de leur mécontentement. «C'est de l'aberration de convoquer les enseignants et les élèves pour travailler durant une journée consacrée au repos hebdomadaire», jugeait un enseignant concerné par cette mesure motivée par l'impossibilité d'élaborer les emplois du temps des enseignants sur une période de quatre jours et demi. L'idéal le plus partagé par la corporation était l'ouverture de tous les établissements le vendredi matin. Ce qui permettrait, non seulement un large espace pour la confection des emplois du temps, mais aussi d'éviter cette mesure exceptionnelle qualifiée «d'injustice». Même son de cloche chez les parents d'élèves qui trouvent «inconséquente» cette mesure qui «nous empêche de vivre pleinement notre week- end en famille». A priori, cette mesure n'agrée personne. En attendant son application, qui est prévue en principe à partir d'aujourd'hui, des voix s'élèvent déjà pour la rejeter. Le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation (Sete/WB) a, dans une déclaration, rendue publique hier, qualifié cette mesure d'«inique». Outre sa «dénonciation», le Sete/WB va jusqu'à faire part de «son rejet total», arguant qu'elle «ne peut qu'accroître le mécontentement des enseignants et du personnel de l'éducation». Pour contrecarrer cette mesure, le Sete/WB appelle la société civile à «réagir à cette énième mesure compromettant davantage la qualité de l'enseignement prodigué à nos enfants» et les enseignants à «s'opposer à son application». Dans le même ordre d'idées, le Sete/WB interpelle la Fédération nationale de l'éducation (Fnte) à «peser de tout son poids pour son annulation». Comme première mesure de réaction, le Sete/WB compte organiser un cycle de conférences pour débattre de la situation qui prévaut dans les établissements de la wilaya, de toutes les questions liées à la réforme de l'éducation. Le régime indemnitaire, la formation continue, le nouveau week-end et la tripartite seront au menu de ce cycle de conférences qui s'apparente également à une sorte de sensibilisation autour des voies et moyens de manifester le mécontentement grandissant des travailleurs. Il va de soi qu'il faut s'attendre à une grande action de protestation après celle marquée au lendemain de la rentrée scolaire officielle. Le syndicat estime que «l'application de cette dernière mesure démontre encore une fois, le bricolage et le tâtonnement du ministre de l'Education nationale dans la gestion du secteur.» Pour mieux étayer ses dires, le Sete/WB cite «la surcharge du volume horaire des enseignants et des élèves qui ne sont pas à même de favoriser l'efficacité et les objectifs de l'action éducative, transformant nos enfants en cobayes et engendrant le dysfonctionnement des établissements scolaires». «Entamées sans concertation avec les véritables acteurs», les reformes du secteur de l'éducation ne «cessent de connaître des rebondissements et des décisions improvisées qui ne favorisent nullement la réussite et la qualité tant recherchées dans ce secteur moribond et totalement sinistré», estime encore le Sete dans un constat sans appel. Le secteur de l'éducation est en ébullition. Cette deuxième sortie du Sete/WB ne fait que confirmer un malaise annonciateur d'une série d'actions au cours de l'année scolaire en cours. Les adjoints d'éducation, les vacataires, les inspecteurs, aucun corps n'est épargné par la grogne. Après deux années de répit, le secteur de l'éducation de Béjaïa bouillonne de nouveau. Ceci en l'absence de réaction des parents d'élèves qui ne se sont nullement manifestés pour l'heure, bien que la situation pénalise énormément leurs enfants.