Quand un procès oppose un président à un ancien Premier ministre, «cela pèse» Quel sera l'impact de «l'affaire Clearstream» sur la politique extérieure de la France, notamment ses relations avec l'Algérie? La question mérite d'être posée d'autant plus que l'histoire récente a démontré, à maintes reprises, que «les affaires politiques» survenues dans chacun des deux pays, ont déteint sur leurs relations bilatérales. Aussi, le procès en cours pose le problème de l'indépendance du système judiciaire français. Lequel système a grandement inspiré ceux des pays du sud de la Méditerranée. A commencer par le système juridique algérien. Aussi, la bataille, qui oppose le résident Sarkozy à l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin met en évidence un conflit plus profond: celui des valeurs traditionnelles de la France, notamment la droite gaulliste, représentée par De Villepin, et la «nouvelle génération» de politiciens incarnant une France volontariste, avec à sa tête le président Sarkozy. Une France qui entend se libérer, entre autres, du lourd contentieux colonial qui continue de peser sur ses relations avec ses anciennes colonies. Dans ce contexte précis, les relations algéro-françaises sont au centre de tout choix stratégique régional de la France. Surtout que celle-ci entend jouer un rôle de premier ordre dans le Bassin méditerranéen. En ce sens, l'affaire Clearstream ne manque pas d'intérêt. Alors, quid du procès en cours? Un règlement de comptes entre deux hommes politiques de la même famille (Union de la majorité présidentielle) et de la même génération? Projet de société en gestation? Crise d'identité politique nationale? Tant de questions entourent l'affaire. «J'ai travaillé jour et nuit toute cette semaine et je n'ai pas eu le temps de suivre tous les aspects de cette polémique certainement passionnante et que je retrouverai en retournant à Paris.» C'est en ces termes que le président français Nicolas Sarkozy est revenu, hier, sur l'affaire. Lors de la conférence de presse du G20, tenue à Pittsbourgh, aux Etats-Unis, le président Sarkozy a «éludé» une question posée sur les réactions suscitées, en France, par ses propos sur les «coupables» du procès en cours. Surtout que parmi les cinq prévenus figure M.Dominique de Villepin, ancien Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac. Ce faisant, M.Nicolas Sarkozy a argué: «Honnêtement, j'ai été bien occupé ici par des dossiers extrêmement lourds. Je n'ai pas pu suivre toutes les péripéties de toute cette actualité qui, je suis sûr, sont passionnants.» Le mot «passionnants» ne manque pas de piquant. Surtout que cette déclaration est inscrite dans le contexte d'un agenda présidentiel «chargé». En effet, le chef de l'Etat français n'a pas manqué de signaler: «J'ai travaillé jour et nuit toute cette semaine et je n'ai pas eu le temps de suivre tous les aspects de cette polémique certainement passionnante et que je retrouverai en retournant à Paris.» C'est dit! A son retour en France, le président Sarkozy compte bien «suivre les péripéties de cette affaire» de très près. Pour rappel, M.Sarkozy se trouve, depuis lundi, aux Etats-Unis. Mardi dernier, il a participé à un sommet sur le climat à New York au siège de l'ONU. Le lendemain, il était présent à l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies. Ensuite, il a pris part à une réunin du Conseil de sécurité tenue jeudi. Enfin, le président français a assisté, vendredi, au G20 de Pittsburgh. Cela dit, son retour en France s'inscrit dans un contexte particulier: la polémique soulevée par «l'atteinte à la présomption d'innocence dont bénéficient des prévenus non jugés». Mercredi dernier, le président Sarkozy avait traité, sur les chaînes de télévision TF1 et France2, de «coupables» les mis en cause dans l'affaire Clearstream. «Inacceptable!» s'est insurgé, vendredi passé, M.Dominique de Villepin. «Je pense que cette déclaration du président de la République était inacceptable», a fustigé l'ancien Premier ministre dans une vidéo diffusée vendredi sur le site Internet de son club politique, le Club Villepin. Aussi, M.De Villepin a jeté un pavé dans la mare en affirmant: «Quand un ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, pointe du doigt un adversaire politique et qu'il veut le pendre à un croc de boucher, quand un président de la République, tous les jours s'enquiert de l'évolution d'un dossier, quand il évoque à chaque occasion, avec des journalistes, avec des amis, ce même dossier, oui, cela pèse...». Une chose est sûre: l'issue du procès aura un impact important sur la vie politique interne de la France. Lequel impact déteindra sur sa politique extérieure. Et pour un pays qui fait figure de puissance régionale au niveau méditerranéen, cela pourrait inclure des changements dans ses relations avec les pays de la Méditerranée, surtout celles avec l'Algérie.