Le patronat rejette les propositions du gouvernement et veut un assainissement de l'environnement de l'entreprise. La prochaine tripartite est-elle d'ores et déjà compromise? La réponse risque d'être affirmative au vu des divergences entre le patronat, le gouvernement et l'Ugta. Le patronat et le gouvernement auront à se livrer à un véritable bras de fer. Les sujets épineux sont nombreux. Les blocages sont multiples et les divergences sont diverses. C'est un rendez-vous qui s'annonce extrêmement décisif aussi bien pour le gouvernement que pour les patrons. Les propositions du gouvernement ne sont pas bien perçues par le patronat. Ce dernier continue d'émettre des réserves concernant certains dossiers. De son côté, le gouvernement tourne le dos aux revendications des patrons. Les allocations familiales, le salaire national minimum garanti et l'effacement des dettes des entreprises sont autant de sujets cruciaux qui opposent les deux parties. Pour les allocations familiales, les patrons adoptent une seule position: il n'est pas question d'accepter qu'elles soient prises en charge par les entreprises. Pour les patrons, les allocations familiales ont un caractère social et elles relèvent des missions de l'Etat. Cette position est expliquée par le fait que les allocations provoqueront des déficits financiers énormes pour les entreprises déjà asphyxiées par les dernières mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. C'est le cas de l'article sur l'obligation de recourir au crédit documentaire pour procéder au règlement de leurs factures avant la réception de la marchandise importée. Le gouvernement est décidé à aller au terme de sa politique. Il ne veut pas dépenser des sommes colossales du Trésor alors que des entreprises, même étrangères, récoltent des bénéfices sans être associées à la prise en charge des allocations familiales de leur personnel. Si le gouvernement a renvoyé cette question pour la prochaine tripartite, c'est dans le but d'associer les organisations patronales dans la prise de décision. Sur ce point, les patrons ne pensent pas bouder ce rendez-vous. Ils sont déterminés à mener des négociations rudes avec le gouvernement. A défaut des allocations familiales, les patrons souhaitent que l'Etat prenne en charge les problèmes financiers des PME. Les organisations patronales demandent à ce que l'Etat procède à l'effacement des dettes des entreprises. Autrement dit, elles demandent au gouvernement de mettre en place un plan de relance des entreprises nationales qui font face à de multiples problèmes financiers. Le relèvement du salaire national minimum garanti est une autre question à propos de laquelle les deux parties divergent. Les organisations patronales n'ont pas établi un consensus sur cette question. Les unes applaudissent, d'autres émettent des réserves. Certains patrons estiment qu'un Snmg à 12.000 DA ne peut subvenir aux besoins d'une famille. D'autres ne s'opposent pas à ce que le Snmg soit relevé au minimum à 20.000 DA. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui peuvent supporter ce relèvement. Pour celles qui adoptent la stratégie de survie, il n'est pas conséquent de soutenir une telle démarche dans une telle conjoncture économique. Les entreprises ne peuvent pas assumer ce relèvement. Les patrons souhaitent analyser la situation des secteurs capables d'assumer la revalorisation des salaires. D'autres patrons n'hésitent pas à lier l'augmentation des salaires à la nécessité d'examiner le reste des problèmes qui touchent l'environnement de l'entreprise productive. Les patrons concluent que le relèvement du Snmg ne sera pas appliqué dans le privé dans le cas où la décision serait prise sans ces préalables. La participation des organisations patronales à ce rendez-vous est une autre question qui se pose. Certaines d'entre elles demandent d'élaborer un ordre du jour qui correspond à la conjoncture économique actuelle. Autrement dit, elles demandent d'arrêter un ordre du jour qui n'occulte pas le climat économique du pays après l'introduction des nouvelles mesures par la loi de finances complémentaire.