«C'est l'histoire des parents d'aujourd'hui et de leurs enfants, à la recherche de racines rêvées et d'une culture qui leur ressemble», révèle le réalisateur Thomas Gilou L'acteur cinéaste et scénariste Messaoud Hattou, natif d'Aubervilliers, a reçu le 25 septembre dernier la Légion d'honneur des mains de Fadéla Amara, la secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la ville. La cérémonie a eu lieu en mairie, dans la salle des mariages, et a été suivie à 20 heures d'un concert avec Souad Massi, Cheb Bilal, Biyouna etc. Cette distinction haute en signification est un prix de courage pour ce réalisateur qui a su signer une oeuvre pertinente sur le sujet de l'intégration, mise en scène avec finesse et émotion. Messaoud, 9 ans, fils d'Aubervilliers est un garçon d'origine kabyle. Il est placé en famille d'accueil dans le Berry profond, plus précisent chez Gisèle, sa mère adoptive. Sa mère est malade, son père est obligé de le placer dans une famille d'accueil. Nous sommes en 1960, dans le contexte trouble des événements d'Algérie. Gisèle, mère «nourricière», décide de travestir l'identité de Messaoud aux yeux de la population de son village du Berry, mais aussi - et surtout - aux yeux de son mari Georges, ancien militaire. Messaoud devient alors Michel, Michou, (Samy Seghir) et c'est sous cette identité, porté par l'affection de Georges et Gisèle, qu'il s'initie à une France profonde. Mais le mensonge de Gisèle, bientôt révélé, va mettre en péril cette relation naissante... Réalisé par Thomas Gilou, réalisateur de comédies à succès (La Vérité si je mens, Black mic-mac) fait remarquer que Michou d'Auber nous illustre «une histoire qu'ont vécue beaucoup d'enfants algériens dans les années 60. L'histoire des parents d'aujourd'hui et de leurs enfants, à la recherche de racines rêvées et d'une culture qui leur ressemble (...) C'est l'histoire universelle de parents et d'enfants qui s'ouvrent à la différence», dit il. Pour info, et chose et fait inhabituels, Michou d'Auber a fait l'objet, le 12 février 2007, d'une projection en avant-première au Sénat, en France et ce, dans le cadre d'une journée de débats sur l'Histoire de l'immigration en France. «Michou d'Auber est l'histoire vraie, mais romancée, de Messaoud Hattou», révèle également le réalisateur. Scénariste du film, Messaoud Hattou (qui avait déjà coécrit un précédent film de Thomas Gilou, Raï, 2005) est également acteur: il jouait l'un des rôles principaux de Bab El Oued City de Merzak Allouache. Il apparaît aussi dans Chouchou. Des participations à des films qui flairent bon la France d'aujourd'hui, dévoilant sans concession la politique française actuelle à travers ses banlieusards et leurs problèmes quotidiens qui tentent de s'en sortir et fait la part belle aux comédiens issus de l'immigration et donc une visibilité bien ancrée dans le système cinématographe en France. C'est pour toutes ces raisons, et le talent du scénariste aidant, que Messaoud Hattou a été récompensé.