Ouverture de nouvelles librairies, lancement de maisons d'édition, parution fréquente de nouveaux ouvrages: décidément, le livre a de beaux jours devant lui dans la wilaya de Tizi Ouzou. Bien que l'on parle de plus en plus du net recul de la lecture dans la région, sur le terrain, la réalité est plutôt autre. Avec l'ouverture d'une nouvelle librairie spacieuse et riche dans la ville des Genêts, il y a quinze jours, le nombre de ces dernières ne cesse de croître. La sonnette d'alarme avait été tirée à un certain moment, lorsque des librairies vieilles de plusieurs années, avaient décidé de mettre la clé sous le paillasson. L'exemple qui avait le plus découragé les amoureux du livre était la transformation d'une célèbre librairie, située au boulevard Abane-Ramdane, dit la «Grande Rue», en un fast-food. Ajoutez à cela la fermeture pure et simple des quelques petites librairies éparses mais qui permettaient tout de même au livre de trouver un gîte. De même que la librairie spéciale «livres de poche» (pochothèque), rattachée aux Etablissements Cheikh n'a pas fait long feu. Cette série noire de fermetures n'a finalement pas beaucoup duré puisque juste après, un nouvel élan a été donné au marché du livre. Aujourd'hui, l'acheteur a l'embarras du choix. Le nombre de librairies dans la ville de Tizi Ouzou et à la Nouvelle-Ville ne cesse de monter. Les établissements Aït Mouloud, à eux seuls, gèrent pas moins de six points de ventes dans la seule ville de Tizi Ouzou. Ils proposent une palette de livres riches et variées, parfois même des nouveautés parues à l'étranger. Les Etablissements Aït Mouloud et les Etablissements Cheikh ont été les seuls à avoir résisté à la tempête ayant emporté plusieurs librairies dans son sillage. Même dans les années quatre-vingt-dix où le livre avait traversé les pics de crise, ces deux groupes n'ont pas cessé ni ralenti leurs activités. D'ailleurs, c'est grâce à eux que la ville des Genêts a pu abriter de nombreuses séances de ventes-dédicaces en invitant des auteurs de notoriété nationale, voire internationale, à l'image de Boualem Sansal, invité par la librairie Aït Mouloud pour signer son premier roman, paru aux Editions Gallimard en 2001, Le Serment des barbares. Mais c'est la librairie Cheikh qui détient la palme en matière de ventes-dédicaces, puisqu'elle est considérée comme celle qui a invité le plus d'écrivains en son sein. Depuis, plusieurs autres librairies ont vu le jour et aujourd'hui, elles sont en phase de devenir de véritables repères pour le livre, à l'instar de la librairie de la Paix. Cette dernière, située dans l'immeuble Derridj, au centre-ville, propose aux lecteurs une variété de livres. De même que son décor est des plus attrayants. Le lieu est agréable et les livres qui y sont proposés à la vente sont minutieusement sélectionnés afin de répondre à la demande. Les éditions l'Odyssée ont également ouvert une nouvelle librairie, appelée «L'Iliade». Celle-ci est vaste et accorde de l'importance aux livres de tous les domaines et de plusieurs spécialités. D'autres points de vente aussi importants s'ajoutent à cette liste comme la librairie Slimane Azem, sise à la Nouvelle-Ville, non loin de l'université Hasnaoua et Bastos. Un peu plus petite, la librairie Yahiaoui continue aussi à vendre des livres. Ceci sans oublier deux librairies, les plus anciennes de Tizi Ouzou, après Cheikh. Il s'agit de la librairie Génération du livre et la librairie de l'Artisanat, toutes deux héritées de la défunte Société nationale d'édition et de diffusion (Sned). Il est aisé de constater que le secteur s'est enrichi sensiblement et qu'il n'y a désormais plus péril en la demeure. Le livre est aussi gâté à Tizi Ouzou, côté maison d'édition. Il y a quinze ans, la ville n'en comptait aucune. Actuellement, ce genre d'activités foisonnent et les maisons d'édition poussent comme des champignons. On pourra citer les Editions El Amel, ayant déjà pignon sur rue, Le Savoir, L'Odyssée, Safraber, Achab, Tasekla, etc. De plus en plus d'auteurs se lancent dans l'écriture et dans l'édition. Ils se font éditer localement. Même si le niveau des ouvrages édités est différemment apprécié, il n'en demeure pas moins que ces initiatives méritent d'être saluées car elles viennent freiner le désert culturel qui a pendant longtemps dominé à Tizi Ouzou.