Il est impératif de créer des bourses de fret pour réduire le nombre de déplacements et les surcoûts générés. «Le problème du transport des marchandises en Algérie n'est guère une question de moyens, mais d'organisation», a martelé le consultant en communication de transports internationaux et de logistique, Kamel Khelifa. Cet expert présidait, hier au siège de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur «Algex», un séminaire à l'adresse des patrons d'entreprise, de responsables d'organismes économiques étatiques et privés, d'opérateurs dans le domaine des transports, de banquiers. Il a regretté, d'emblée, l'inexistence d'associations de vrais professionnels dans le chargement de marchandises, soulignant que l'administration ne peut pas se substituer à leurs efforts. Une réelle prise en main par les opérateurs eux-mêmes est nécessaire pour maîtriser la logistique a-t-il dit. Sous d'autres cieux, c'est une direction de la logistique à part qui est instituée pour contrôler le cheminement de la marchandise, depuis la matière première jusqu'au produit fini livré à domicile. L'Algérie occupe la 153e place sur 178 pays dans la logistique des transports. «Le mauvais classement de l'Algérie coûte trop cher. La mauvaise maîtrise de la chaîne représente un manque à gagner de l'ordre de 7 à 9 milliards de dollars alors que les moyens potentiels existent pour atteindre ce seuil de rentabilité», a noté ce consultant. Il rappellera que «dans les années 80, le taux de couverture de notre commerce extérieur était de 40%, contre 2% aujourd'hui hors hydrocarbures». Il met le doigt dans la plaie en soulignant que la disparition du cabotage national (transport national de marchandises par voie maritime), cette «route gratuite» dont il souhaite une «réhabilitation urgente» est boudée et reste inexploitée au profit de la route qui est plus coûteuse. Elle est construite à coups de milliards en devises par des bras étrangers. Si la construction des routes est nécessaire, il a toutefois estimé qu'un développement ne peut être complet que s'il est «cohérent, homogène et intégré». M.Khelifa ne manquera pas de préconiser à cette occasion l'organisation impérative des «bourses de fret» pour réduire le nombre de déplacements et les surcoûts générés. Une organisation similaire existe dans le M'zab où un transporteur ne quitte point la région sans s'assurer, auprès de bureaux à cet effet, s'il n'y a pas un fret quelconque à transporter vers Oran, Alger ou ailleurs. Faisant une rétrospective sur les transports en Algérie depuis l'indépendance, Khelifa a rappelé que le pays disposait de 13 ports de commerce, d'une cinquantaine de plates-formes aéroportuaires, de 40.000 km de routes et environ 5000 km de voies ferrées. Aujourd'hui, a-t-il fait remarquer, seuls trois ports fonctionnent rationnellement (Arzew, Béjaïa, Skikda) «boostés» par le trafic des hydrocarbures. L'hyper-centralisation du commerce extérieur au port d'Alger, qui nuit à la capitale, a induit des mesures salutaires pour glisser certains trafics portuaires vers Mostaganem et Djendjen à Jijel. Actuellement, la flotte algérienne est désarmée avec seulement cinq navires en propriété et trois navires privés. L'orateur n'a pas manqué, non plus, de relever le coût exorbitant du coût du transport routier au km. Il s'élève à 20.000 DA pour le transfert d'un conteneur de 20 pieds et le double pour 40 pieds, du port d'Alger vers les zones industrielles de Oued Smar ou de Réghaïa.