Une trentaine de morceaux parmi des centaines qu'il jouera pour faire entendre une oeuvre majeure exceptionnelle et répondre au sens du devoir hérité de son père... Son concert aura lieu enfin cette semaine. Plus précisément les 24 et 25 juillet au Théâtre de verdure. Le célèbre musicien Safy Boutella a animé, samedi dernier, une conférence de presse pour parler des préparatifs de cet événement, à J-4 de la date prévue. Une manifestation artistique organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, présidée par M.Orif et l'Onda, dirigé par M.Hakim Taoussar, tous deux présents à ce point de presse. «Ce concert, qui retracera plus de 30 ans de carrière de l'artiste, n'est pas un bilan. C'est une façon pour lui de reculer pour mieux rebondir. On veut montrer ce qu'a fait Safy Boutella, une personne majeure et importante dans la création musicale dans tous les domaines», dira M.Orif Mustapha. Se produiront aussi plusieurs artistes, invités incontournables dans le parcours de Safy Boutella. Inscrit dans le cadre d'«Alger, capitale de la culture arabe», ce spectacle mobilisera un orchestre de pas moins de 35 musiciens venus d'horizons divers, de 3 choristes, une chorale de 15 chanteurs, pour accompagner les musiques de Safy Boutella, des plus classiques aux plus inclassables. Aussi, 17 danseurs seront de la partie pour faire trembler le Théâtre de verdure en plus des rythmes endiablés, de transe et de vertige que procurera assurément notre artiste atypique. 130 personnes seront mobilisées pour monter ce gigantesque défi de son et de lumière, de coeur et d'émotion pure! Un événement baptisé Zarbot, pour l'énergie et la synergie développées autour de l'âme innocente des enfants, rencontrés à la Casbah et qui inspirent l'artiste à aller de l'avant car symbole du devenir de l'Algérie de demain que Safy veut aimante, engagée, épanouie, consciencieuse et énergique... Mais aussi amusante et drôle comme une jolie toupie qui vole dans les airs et vous émerveille... De la sérénité, mais du sérieux avant tout, ponctué d'un sourire...C'est cela l'attrait singulier de Safy Boutella qui reviendra sur son parcours qui n'a pas toujours été de tout repos. Mais combien, assumé, car dira-t-il, «je n'ai pas de statut. Je travaille de façon paysanne. Je gagne ma vie seulement quand je travaille. Les artistes écrabouillent leur vie. Ils mettent leur vie au service des autres...» Une triste situation de l'artiste en Algérie que Safy espère voir s'améliorer un jour. Ce concert c'est aussi, confiera-t-il, «une manière de se distinguer et montrer au monde que l'Algérie ne produit pas que du raï». En effet, Safy Boutella, artiste complet au long et riche parcours, s'est essayé à plusieurs genres musicaux, outre le raï, avec Khaled, et le fameux album Mejnoun, c'est beaucoup de morceaux de jazz et de création autour de la musique targuie dont il s'est occupé ces dernières années, à travers notamment plusieurs spectacles de grande envergure (La Source, Rêve bleu...). Safy, en plus d'avoir signé plusieurs morceaux pour de nombreux artistes internationaux d'ici et d'ailleurs, est connu également dans le milieu cinématographique, pour avoir signé pas mal de bandes originales. Il est un artiste doué d'une grande sensibilité qui l'astreint au perfectionnisme. Et malgré tous les aléas rencontrés durant sa carrière, surtout ces derniers années pour monter ce projet, Safy Boutella, un peu ému, dira être très content de venir jouer et voir enfin son projet aboutir et tant pis s'il n'a pas été retenu pour l'ouverture d'«Alger, capitale de la culture arabe» ou des Jeux africains car, dit-il, «ce spectacle est le plus important à mes yeux. Laissons place aux autres. J'ai hâte qu'il y ait une relève...» A la question relative à la disparition de son père, Safy Boutella expliquera son choix de ne pas annuler son concert, par sens du devoir que, justement, son père lui a inculqué. Ainsi, «ma mission, dira-t-il, c'est de faire ma musique et la faire partager avec mon public comme mon père a eu à servir son pays. D'ailleurs, c'est un concert que je dédie à mon père et à ma mère depuis des années...» Le musicien notera aussi qu'un prochain coffret comportant la globalité de ses oeuvres sortira d'ici à septembre prochain. «Il était prévu qu'il sorte conjointement avec le concert, n'étaient les problèmes personnels qui l'ont retardé...», expliquera-t-il. Et de rappeler le projet qui lui tient tant à coeur, à savoir une école internationale de musique où viendront apprendre les jeunes de tous les pays, de Ouargla jusqu'aux Etats-Unis. A la question de savoir pourquoi ne pas se produire dans le reste du pays, Safy Boutella relèvera un des points cruciaux qui fait aussi défaut dans notre pays, outre la mauvaise prise en charge des artistes, et leur éternel statut hypothétique il y aussi, le manque flagrant d'infrastructures culturelles à même d'accueillir comme il se doit un artiste en Algérie. «Le souhait d'un artiste est de jouer n'importe où et tous les jours mais j'ai passé l'âge et je ne suis pas kamikaze», dit-il. Enfin, à noter que l'accès au concert du 24 juillet se fera sur invitation et celui du 25 ouvert au public. Les invitations sont à récupérer au Théâtre de verdure, au Palais de la culture et à la salle Ibn Zeydoun, à l'Oref. Un événement à ne rater sous aucun prétexte!