L'honneur échu à Obama a beaucoup surpris alors que le récipiendaire n'a encore rien fait de concret pour la paix. Dès lors, le président US se trouve au pied du mur et le Nobel de la paix doit l'inciter maintenant à aller au-delà des mots. Les félicitations ont afflué après l'attribution inattendue du prix Nobel de la paix au président américain Barack Obama, mais les encouragements à redoubler d'efforts pour la paix dans le monde ont été tout aussi nombreux, prenant parfois des allures de mises en demeure. Au milieu du concert de louanges, certains, comme le président du Parti républicain américain, ont émis des réserves sur le choix du Comité Nobel, et trois prix Nobel de la Paix, dont Lech Walesa, l'ont ouvertement désapprouvé. Le Comité Nobel a récompensé Barack Obama pour avoir «créé un nouveau climat dans la politique internationale». Sa décision est intervenue alors que les Etats-Unis sont engagés dans deux guerres, l'une en Irak, l'autre en Afghanistan, et sont confrontés à deux crises relatives aux projets nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord. Ce Nobel est un encouragement pour «le désarmement nucléaire» et «la paix dans le monde», a estimé le Vatican. Aux Etats-Unis, le sénateur républicain John McCain, adversaire malheureux de M.Obama dans la course à la Maison-Blanche, s'est réjoui, mais le président du Parti républicain, Michael Steele, a estimé que les Américains se demandaient. «Qu'a donc accompli le président Obama?». En revanche, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué le choix de Barack Obama, qui «personnifie un nouvel esprit de dialogue sur les plus grands problèmes mondiaux». Le président russe Dmitri Medvedev a félicité son homologue estimant que cette décision «témoignait d'une vision réaliste des dynamiques du développement mondial». Le président américain apporte «l'espoir d'un monde en paix avec lui-même», a estimé le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a estimé que ce choix est un «encouragement» pour tous ceux qui souhaitent un monde plus sûr. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé que le prix Nobel était «en de bonnes mains». Le choix du Comité Nobel a été salué notamment par Israël et par l'Autorité palestinienne. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'il espérait «oeuvrer en étroite collaboration avec (Barack) Obama pendant les prochaines années pour faire avancer la paix». Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rappelé qu'il espérait que la paix prévaudrait «en Palestine et dans la région sous la présidence de M.Obama». L'Iran, en pleine négociation avec les grandes puissances dont les Etats-Unis sur son programme nucléaire, a espéré que la récompense inciterait M.Obama «à emprunter la voie qui apportera la justice dans le monde». Le Hamas a exprimé son scepticisme estimant que M.Obama «n'a rien présenté aux Palestiniens, si ce n'est des promesses et de bonnes intentions». Au moment où M.Obama envisage une nouvelle stratégie en Afghanistan, son homologue afghan, Hamid Karzaï, a estimé qu'il était la «bonne personne» pour recevoir le prix. Mais les taliban ont condamné cette attribution, déclarant n'avoir «perçu aucun changement de stratégie pour la paix». Pour le leader cubain Fidel Castro il s'agit d'une «mesure positive» visant à critiquer la «politique génocidaire» de nombre de ses prédécesseurs à la Maison-Blanche. La décision du Comité Nobel, largement saluée dans le monde, n'a pas fait l'unanimité parmi les précédents prix Nobel de la paix. L'ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, lauréat en 1990, a adressé ses félicitations à M.Obama et pour le dalaï-lama ce prix salue l'approche de «sagesse» et de «dialogue» de M.Obama. Mais l'ex-président polonais Lech Walesa a jugé cette attribution prématurée, l'Irlandaise du Nord Mairead Corrigan Maguire, l'a qualifiée de «très triste» et l'Argentin Adolfo Perez Esquivel, s'est dit «surpris».