A l'occasion de l'anniversaire de la chute du mur de Berlin, le président de l'ex-Urss fait des révélations étonnantes. L'ancien président de l'ex-Urss a renoncé dès 1985 à utiliser la force contre les pays de l'Europe de l'Est pour influer sur leur politique. Cette attitude a eu deux conséquences. Elle a permis en premier lieu de précipiter la chute du mur de Berlin et en second lieu d'éviter une troisième guerre mondiale. C'est en tout cas ce qu'a déclaré Mikhaïl Gorbatchev à la presse dans le cadre de la célébration de l'anniversaire de la chute du mur de Berlin, car il était encore au pouvoir au moment des faits. A une question de savoir s'il avait eu la tentation de recourir à la force pour arrêter les mouvements à l'oeuvre en Europe de l'Est, il a répondu qu'à la mort de son prédécesseur, Konstantin Tchernenko en 1985, il a indiqué aux leaders des pays du pacte de Varsovie qu'il ne fera rien qui puisse compliquer leurs relations. La promesse était donc faite de ne pas intervenir. Si l'ex-Urss avait adopté une attitude différente, il y aurait eu probablement une troisième guerre mondiale, assure Mikhaïl Gorbatchev. Il explique qu'«à l'époque, l'Europe était pleine d'armes nucléaires. Il y avait environ deux millions de troupes des deux côtés du rideau de fer... Imaginez simplement ce qui aurait pu arriver si nous avions utilisé la force». L'ancien président ne s'est pas contenté de se prononcer sur des faits historiques. Le prix Nobel de la paix de 1990 a aussi annoncé qu'il a écrit à Barack Obama pour le féliciter. Cette distinction relève d'un bon choix «car je me sens proche de sa vision du monde. Il lui faudra beaucoup de détermination, d'autorité internationale et de talent de communication pour la mettre en oeuvre. Je lui souhaite de réussir», a-t-il continué. L'Afghanistan est un autre sujet d'actualité qui n'a pas échappé à l'ex-président qui a dû, lui aussi, retirer ses troupes du même pays, il y a vingt ans. Il se souvient que son pays a traversé une période identique à celle que connaît Obama en Afghanistan. «Nous aussi, nous avons dû remettre à plat notre stratégie et nos politiques. Je pense que l'objectif ultime des Américains devrait être le retrait de leurs forces.» Même s'il n'a pas de recommandation à lui faire, il a quand même fait quelques rappels. «Pendant que nous nous retirions d'Afghanistan, les Américains travaillaient avec les Pakistanais pour créer les taliban, alors qu'ils nous affirmaient vouloir un pays ´´libre et stable´´», a-t-il révélé. «Aujourd'hui, ils en récoltent les fruits. D'un autre côté, j'admets qu'il est nécessaire d'agir contre les noyaux terroristes», a poursuivi Gorbatchev. Ce dernier, après avoir mis fin à sa carrière politique, a créé la Croix Verte, une ONG vouée à la protection de l'environnement. Avant la réunion mondiale prévue en décembre à Copenhague sur le réchauffement climatique, il pense que l'événement sera une étape majeure dans la bonne direction pour lutter contre les problèmes environnementaux et faire en sorte d'éviter une catastrophe et d'échapper au désastre, comme le fait que la température moyenne de la planète augmente de plus de 2%. Ce sera une tâche difficile, mais il a vu pire au cours de sa carrière. En bon visionnaire, il déclare même qu'il n'a pas été surpris par la chute du mur de Berlin. La raison en est que cet événement était le résultat d'un long processus. Dès son accession au pouvoir, l'une des pierres angulaires de sa vision du monde était de considérer l'Europe comme une maison commune. Il l'avait même écrit dans Perestroika. Il a ensuite proposé au cours d'une visite en France de bâtir cette maison commune alors que la question allemande faisait partie de cette vision. Selon lui, la réunification allemande, qui fête cette année son vingtième anniversaire, a été possible parce qu'elle a été précédée de grands changements dans l'ex-Urss, en Europe centrale et de l'Est, dans les relations avec les pays occidentaux et particulièrement avec les Etats-Unis. L'ensemble de ces changements ont entraîné la possibilité de la réunification. D'autres murs sont tombés une année auparavant en Algérie dans ce même contexte. Dans les deux Allemagnes, l'ex-président avait également vu les prémices du changement de la part des peuples et des dirigeants à l'exception d'Erich Honecker «qui ne comprenait pas ce qui se passait ou qui refusait d'accepter le processus qui était en cours». Enfin, Gorbatchev s'est prononcé sur les mandats successifs de Vladimir Poutine. Il constate que le premier mandat de Vladimir Poutine était plutôt positif.