«Comment la justice peut-elle expulser avec une facilité déconcertante, une famille qui occupe un logement depuis l'indépendance?», se sont interrogés les concernés par l'expulsion. Les opérations d'expulsion s'accentuent. Et souvent, ce sont les enfants qui payent un lourd tribut. «Près de 171 enfants sont jetés à la rue. Nous avons peur pour l'avenir de notre progéniture, nous demandons aux autorités qu'elles trouvent la solution dans les plus brefs délais, la stabilité de nos enfants est menacée», dit indigné le comité SOS familles expulsées, lors d'une conférence de presse, tenue, hier, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), aile Hocine Zehouane, à Alger. Intervenant au cours de cette conférence, M.Belmouhoub tire la sonnette d'alarme. «Tous les jours nous assistons à des tempêtes d'expulsion, sans que celles-ci provoquent aucun état d'âme de la part des responsables», a-t-il regretté lors de la même occasion. Cela étant, l'intervenant a saisi l'occasion afin d'éclairer l'opinion publique sur ces opérations d'expulsion «la clochardisation des familles» et responsabiliser ainsi les autorités compétentes afin de trouver une solution immédiate à cette situation. «L'Etat est responsable de la prise en charge des citoyens, ces pratiques d'expulsion n'honorent ni les responsables ni les lois de la République.» Et de regretter: «Les textes sont bafoués et la loi n'est pas respectée.» Au total, quelque 108 familles sont jetées à la rue, a fait savoir un membre du comité SOS familles expulsées. Cet état de fait n'a pas laissé indifférent le président de la Laddh, Hocine Zehouane. Ce dernier est revenu sur ce sujet du point de vue social et juridique et en matière de respect des droits de l'homme. «L'expulsion des familles menace la stabilité sociale. Le logement est la première condition pour jouir de la citoyenneté»,a-t-il martelé d'emblée. Se référant ainsi au Code civil, l'article 507 stipule que «les personnes âgées de plus de 60 ans bénéficient du droit au maintien sur les lieux et ce, jusqu'a leur décès». En matière de respect des droits de l'enfant, l'orateur rappelle le fait que l'Algérie «est signataire des conventions internationale, notamment celles relatives à la protection des enfants mais qu'elle ne respecte pas». Pour leur part, les familles concernées par les expulsions, qui étaient présentes lors de la conférence, ont dénoncé avec acharnement ces opérations d'expulsion. Ces dernières se sont interrogées: «Comment la justice peut-elle avec une facilité déconcertante, expulser une famille qui occupe un logement depuis l'indépendance.» «Depuis notre expulsion dans une maison de fonction que nous occupons depuis 30 années, j'ai perdu ma stabilité sociale», témoigne une jeune fille venant d'Oran.